5, Rue du
Chroniques littéraires & photographiques
Entracte + En présence – Les Petites Allées
Chaque publication de la très belle collection Pour dire une photographie, dirigée par Serge Airoldi, aux éditions Les Petites Allées est toujours un vrai bonheur.
Pour rappel, l’idée est de mettre en relation auteur.e et photographe, l’un.e « disant » la photographie de l’autre. Puis, l’ensemble est imprimé, la couverture en typographie, avec en tiré à part la photographie.
Les deux dernières parutions, numéros 25 et 26, nous amènent dans des univers bien différents mais qui se rejoignent.
D’abord il y a le texte de Carole Naggar, Entracte, qui dit la délicate photographie de Martine Voyeux. On y voit un enfant, comme endormi ou peut-être pire et les mots nous font parcourir la ville de Naples où vie mort se croisent, où les vivants dorment aux côtés de leurs défunts. Mais, surtout, cette phrase initiale : « Peut-on dire une photographie ? ». Question fondamentale, primordiale, qui traverse certainement celles et ceux qui écrivent à propos de la photographie ou sur celle-ci…
Il n’y a peut-être pas de réponse absolue, mais les mots de Carole Naggar sur la photographie napolitaine de Martine Voyeux sont à minima des pistes de réflexion sur l’importance de parler de, de commenter et ça même si la photographie résiste.
Le second opus mêle les mots d’Isabelle Sancy à une image d’Isa Marcelli. En présence questionne une image aux contours incertains, à la narration presque insaisissable. Il y a du flou, un noir et blanc granuleux et les mots d’Isabelle Sancy sur la presque impossibilité à décrypter cette photographie, à la dire exactement, même si elle porte en elle des références artistiques, même si elle éveille (ou peut-être surtout parce qu’elle) une intense curiosité.
Il reste, avant tout, le plaisir de se souvenir encore et encore de cette silhouette indéchiffrable.
A la lecture de ces deux objets-livres, et alors que nous vivons dans un monde sursaturé d’images, toutes plus virtuelles les unes que les autres, une réflexion s’impose : ne faudrait-il pas plus, plus souvent, de personnes qui s’attardent sur la photographie ? Pas qui en fabriquent, mais bien au contraire qui la disent, la commentent, l’expliquent ?
La question reste ouverte mais des collections comme celle proposée par Les Petits Allées semblent ouvrir la porte en grand. Littérature et photographie ne sont certainement pas antinomiques et se marient fort bien…
Site internet Les Petites Allées
15€
