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5, Rue du
Chroniques littéraires & photographiques
Chroniques littéraires & photographiques
Second ouvrage publié par la maison d’édition L’Axolotl (dirigée par Caroline Bénichou), A Summer of a Thousand Years regroupe des photographies du suédois Martin Bogren. Ce petit livre tiré à 350 exemplaires offre un voyage délicat et plein de magie dans une histoire aussi intime qu’universelle : celle de l’amour.
Deux chevaux blancs paissent dans un pré. Le temps se suspend dans l’image presque blanche. Il n’y a plus de noirs mais une infinité de gris, comme si peu à peu le soleil avait délavé le moment.
un baiser fugace
un nuage
les ombelles de carottes sauvages un cerf un paon
… et cette femme qui revient par instants un mirage, un souvenir.
Tout est silencieux, il pleut de la lumière. On se sent bien, heureux. La langueur habite les lieux, une forme de nostalgie tendre.
C’est peut-être une des toutes premières fois que la lecture d’un livre photographique me propose ce sentiment de plénitude, un moment éternel qui durerait encore et encore… Un été de mille ans.
Il n’est pas si évident de mettre en photographie le sentiment amoureux sans tomber dans quelque chose d’un peu tarte à la crème, trop convenu ou plein de bons sentiments. Ça l’est d’autant moins que chaque histoire porte en elle une charge intime si forte qu’elle n’appartient à priori qu’aux deux amants.
Justement le récit qui nous est conté ici nous concerne toutes et tous. Martin Bogren choisit de présenter sa version d’une histoire d’amour, peut-être sa vision. Celle d’un espace plein, lumineux, quiet. D’abord par cette blancheur qui traverse les images les unes après les autres. Ce sont des souvenirs, ceux qu’il vécut, ceux que nous avons pu vivre que nous pourrions vivre. Ils sont fait de tout et rien, de fragments du quotidien, de marches, de nature pourtant, ils contiennent tout. Blancheur solaire des premiers moments, blancheur virginale débarrassée des scories du désaccord ou de la mésentente. Il ne reste que la quintessence : un amour absolu.
Par bonheur, nous sortons de l’espace circonscrit du récit personnel qui risque de ne parler qu’à soi. L’aimée, n’est que suggérée, en filigrane. C’est cette femme qui n’est ni tout à fait la même, ni tout à fait une autre qu’évoque Verlaine. Et l’on s’attarde bien plus aux sensations qui entourent le bonheur qu’à son objet même. Il n’est pas nécessaire de ressasser des je t’aime, ni de graver sans fin son nom, mais plutôt de dire ce qui l’accompagne. Il y a quelque chose de rimbaldien aussi, le Rimbaud de Aube ou de Sensation où ce qui parcourt la peau et l’âme pèse bien plus que des déclarations enflammées et un peu pathétiques.
Il s’agit, peut-être, d’accorder à nos quotidiens, plus d’importance, d’en capturer d’une manière ou d’une autre la substance comme le fit l’auteur ces jours-là.
Comment dès lors ne pas adhérer à cet ouvrage ?
Comment ne pas croire en l’Amour avec un grand A ?
Comment ne pas imaginer que tout à chacun.e pourrait vivre aussi le vivre ?
A Summer of a Thousand Years est un conte, une fable et à l’image de tous ces récits, il n’a ni début, ni fin, ou plutôt une atemporalité qui lui confère l’universalité.
On se sent bien après avoir refermé les pages, comme si une clé nous avait été donnée, une proposition nous avait été faîte.
À nous d’en saisir le sens et les possibilités, à nous de faire durer les étés qui viendront au-delà des mille ans.
95€ accompagné d’un tirage
Compositions
48 pages – Two-colour printing on offset paper
Cover
Sewn binding, 4-page covers
Specific features
Two-colour printed dust jacket on pure cotton paper
Dimension
24 x 18 cm
Weight
250 g
ISBN
978-2-9588393-1-4