Seize lacs et une seule mer – SEBASTIEN BERLENDIS

S’il fallait définir l’écriture de Sébastien Berlendis, on pourrait peut-être la qualifier de précise. Mais est-ce suffisant ? Certainement pas, puisque ses ouvrages ont aussi quelque chose, et je l’ai déjà noté, de photographique, cinématographique, poétique et magique.
16 lacs et une seule mer ne déroge pas au constat établi. Publié chez Actes Sud, dans la collection « un endroit où aller », il se déroule à Berlin, un été durant lequel le narrateur achète un lot de photographies et de films super 8 à un brocanteur. Les images datent de 1929 et présentent des moments de vie, de baignade d’une famille berlinoise ; une femme, Gisèle Helm y pose devant les nombreux lacs de la ville. Les films, eux, sont de 2016. Inna Helm, y apparaît, suivant les pas de son aïeule dans de très courtes séquences aux bords des lacs.


S’engage alors un voyage, une forme de quête où le narrateur, Sébastien peut-être, part à la rencontre des lieux où se situent les différents extraits. Paraissent les lacs, d’abord, Teuffelsee, Wannsee, Müggelsee et d’autres. Paraît aussi Leyla, une Syrienne émigrée dans ce pays où elle ne se sent pas à sa place, pas accueillie.
Naissent des souvenirs d’autres villes, d’autres lacs : Aiguebelette, La Bourboule, une autre femme : Louise.
Puis, ce sont aussi les déambulations dans Berlin, la nuit et ses lumières néons, ses fêtes. C’est KarL Marx Allee et le café Sybille. Des baisers, des bains, des corps, une oscillation constante entre le réel du petit-déjeuner à l’allemande et le réalisme magique de nuit de fêtes qu’on dirait tirées du Grand Meaulne.


Lire Sébastien Berlendis, c’est d’abord plonger dans des souvenirs qui, s’ils ne sont pas les nôtres, cherchent à le devenir. Pas-à-pas, et pour peu que nous connaissions la ville, on se prend au jeu des baignades interdites, des jeux amoureux sans lendemains, de la poésie du rien.
C’est ensuite, songer à ce qu’est le bonheur, ou plutôt une forme de joie simple et singulière. Il n’y a pas d’acrimonie dans Seize lacs et une seule mer, comme si la vie qu’évoque l’auteur savait se passer des tensions, des doutes et de la peur de l’incertain.
Tout est là dans les replis du monde : le sable des plages, les corps, la fraîcheur de l’eau, l’amertume d’une bière, la douceur d’un Kafé mit Kuchen.
Au bout de cet enchantement singulier qu’est la lecture du livre, vient l’envie de partir à Berlin, de vivre cette sorte de dolce-vita allemande, de brûler les nuits berlinoises, de s’allonger sur ces plages et de se baigner dans un lac.
C’est la vie dans ce qu’elle a de plus délicat et sensible, l’univers dans une ville d’eaux, d’arbres et d’Histoire.

/https://www.actes-sud.fr/catalogue/litterature/seize-lacs-et-une-seule-mer

17€50

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Frédéric MARTIN
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