De printemps en printemps à Belsunce – Suzanne Hetzel
Paru dans la collection Notes chez Arnaud Bizalion éditeur, De Printemps en Printemps à Belsunce de la photographe Suzanne Hetzel est un délicat petit livre où se mêlent textes et images autour du quartier marseillais de Belsunce.
Le temps passe, les lieux restent, vivent et bougent. Les plantes poussent, les arbres donnent des fruits, les fleurs s’épanouissent. C’est la vie dans toute sa simplicité, ce sont de minuscules histoires qui forment pourtant un immense univers.
Plantes grasses, oranger, olivier, Suzanne Hetzel les photographie, les scanne et elles semblent surgir d’une pénombre immobile. Cet herbier a quelque chose d’un livre d’histoire, d’une porte sur le souvenir. Elles sont là, les plantes, porteuses des mémoires de ce quartier de Marseille, de ce Belsunce où se croisent des marchands, des commerçants, des restaurateurs. On vit ici, on meurt aussi, parfois de la peste quand on ne prend pas garde à juguler l’épidémie assez vite. C’est Noor qui fait les beignets, c’est un oranger qui se décide enfin à offrir ses fruits, ce sont des potières…
Suzanne Hetzel choisit de mélanger les époques dans ses textes, prenant toutefois la peine de nous indiquer parfois un peu d’Histoire, une étymologie, une précision technique. Et on plonge dans cet univers labyrinthique où le Temps n’a pas réellement de prise.
Belsunce vit. Suzanne le fait vivre sous nos yeux, l’anime, l’agite.
De Printemps en Printemps à Belsunce a quelque chose de fragile et d’énigmatique. Ne connaissant pas Belsunce je ne peux que l’imaginer à travers cette mosaïque photographique et textuelle dans laquelle m’entraine Suzanne Hetzel. Quelque chose se déploie comme une mémoire géante et intemporelle, comme une histoire qui n’aurait pas de début et de fin où tous les éléments du quartier, et notamment les végétaux omniprésents, contribueraient à celle-ci.
On va de saison en saison, d’un printemps à un autre, on parcourt le lieu, on plonge dans ces images à la douceur subtile.
On vit.
Parce qu’il s’agit bien de ça ici, il s’agit de la Vie.
On oublie peut-être un peu trop que nous sommes issus d’un passé, qu’exister c’est aussi juxtaposer une somme de moments anodins et futiles. Et pourtant, les plantes, témoins silencieux, sont là pour nous rappeler à quel point ce que nous vivons n’a rien d’exceptionnel mais pourtant est tellement important.
De Printemps en Printemps à Belsunce donne envie de voyager à Marseille, c’est une certitude. Mais Suzanne Hetzel nous donne aussi envie de nous arrêter sur ce qui à priori n’a pas d’importance, sur le futile, comme une invitation méditative.
Prenons le temps de ralentir et de contempler ce qui est pour une fois, ce serait le plus bel hommage à rendre à ce livre…
Des informations sur Suzanne Hetzel
Le site d’Arnaud Bizalion éditeur
18€
FF : 15 x 15,5 cm – 75 pages – 30 photographies
ISBN 978-2-36980-132-0