After echo – Daphne Kotsiani
Il y a parfois des livres qui n’en sont pas, des objets qui vont bien au-delà de l’objet. After echo de Daphne Kotsiani est de ceux-là.
D’abord une boîte en bois, longue, fine, fermée. C’est un coffret secret, le lieu où se tiennent des mémoires qui ne s’offrent pas à tous les regards. Puis, une fois ouverte, elle révèle un long ruban de papier enroulé sur une baguette de bois. Parchemin de quelque reine d’Égypte, mémoire d’un empire, on retrouve en le déroulant lentement des fragments, des instants d’un monde qui est le nôtre. Mais un monde de douceur, de lenteur, de calme.
Des glaciers immémoriaux plongent dans l’océan, des arbres se dressent tandis que miroitent des vagues, les champs sont couverts de fleurs.
La montagne, ses rochers, plus loin des chevaux, des papillons, l’eau encore, l’eau toujours.
Et le Temps qui n’a pas de prises, les heures lentes, fragiles, où l’on se repose, où l’on prend enfin le temps de méditer et de croire à la beauté des choses.
Le parchemin s’enroule sur lui-même, il faut soigneusement le déployer. Investir l’espace. La fresque est là sous nos yeux, ce long poème à la gloire du Monde, du Beau, des lieux.
Daphne écrit dans un texte inséré dans le coffret : « wanted to create a visual and poetic territory that would act as a link between reality and a universe where a harmonious correlation could be achieved between the fantasy of an escape and the mysteries of the dreamy. In other words, the world where I would rather exist. » (J’ai voulu créer un territoire visuel et poétique qui agirait comme un lien entre la réalité et un univers où une corrélation harmonieuse pourrait être réalisée entre le fantasme d’une évasion et les mystères du rêveur. En d’autres termes, le monde où je préférerais exister.)
Qu’il est magnifique le monde qu’elle rêve ! Qu’il est délicat !
Nous vivons trop souvent de lieux, des espaces dans lesquels nous ne faisons que passer, pressés par nos vies trop remplies.
Nos vies que nous nous acharnons à contraindre dans des agendas aux pages trop petites.
Nos vies où 24 heures ne nous suffisent jamais. Il faut faire, encore et encore, jamais cesser. Parfois, nous saisissons un éclat de lumière, quelque chose de furtif loin de la fureur des informations, loin de la haine qui habite l’humanité, loin des guerres, des drames et des tragédies. C’est fugace, ça ne dure jamais et déjà nous repartons dans ce tourbillon sans fin que nous appelons vivre.
Peut-être que nous sommes fous ? Qui sait…
Avec After Echo, Daphne nous offre une autre possibilité, un choix différent. Celui tout simple de s’arrêter un instant sur le vol des oiseaux, la majestuosité d’une ruine, la fragilité d’une branche. Toutes ces choses que nous avons à portée de mains, là juste sous nos yeux et que nous ne voyons plus tellement nous sommes accaparés par ce qui n’a pas d’importance. Parce que c’est de ça qu’il s’agit : nous oublions l’essentiel dans un monde fait pour une bonne part de futilités sans grand intérêt.
Le bouddhisme invite ses pratiquants à se reconnecter à l’Ici et Maintenant, le hic et nunc des philosophes grecs. Et ça où qu’ils soient. Ce que réclamaient aussi les épicuriens ou stoïciens. On peut se reconnecter à la ville, ses bruits, pour se rendre compte de l’importance de s’en éloigner temporairement ou plus longuement, et par là se connecter aux espaces naturels, sensibles où règne la quiétude. Daphne Kotsiani souhaite, comme elle l’écrit : « Ultimately, at its core, it’s about the awareness of one being present and the reconnection of oneself with the whole. » (Au fond, il s’agit de la conscience d’être présent et de se reconnecter au tout.) et c’est bien de ça dont il s’agit dans ce sublime objet qu’est After Echo : une reconnexion, la mise en place du «réel tel qu’il est ».
Ce type d’ouvrage, même si au fond c’est plus un guide, un objet de réflexion qu’un livre, est aussi précieux qu’il est rare. Par lui, nous sommes amenés à réfléchir profondément à ce que sont nos vies, ce que nous voulons en faire.
Et ça, c’est plus qu’essentiel.
190€
- Handmade, Self-published, Limited Edition of 40 copies, signed and numbered by the artist.
- Shape/Size: Horizontal paper scroll, 30 cm x 4.33 m, bound by a small rice sheet, housed in a wooden mdf case.
- Paper: Inkjet print on Hahnemühle Rice Paper, 100 gsm, 100% α-Cellulose, white.
- Accompanied with 2 small photos, printed on transparent Rice Paper, 110gr.
- Photography, text and design by Daphne Kotsiani.
- Language English.
- Printed in Thessaloniki, Oct. 2022.
- Copyright Daphne Kotsiani.