59/60 – Maxime Massa

Maxime Massa, 59/60, un an, une vie,, Covid, calme, mélancolie, douceur, amour, quiétude, inquiet, dehors,
©MaximeMassa

59/60. Comme le temps qui sépare une décennie d’une autre. Un an pour dix. Maxime Massa a choisi de photographier ces 365 jours, du 10 août 2020 au 9 août 2021. Alors que le covid accapare les vies, donne une tournure étrange à nos existences, le photographe suit les jours et leur défilement, comme un compte à rebours du 9 vers le 0.

Maxime Massa, 59/60, un an, une vie,, Covid, calme, mélancolie, douceur, amour, quiétude, inquiet, dehors,
©Maxime Massa

Une femme dort dans la blancheur de draps froissés, la lumière entre par la fenêtre et trouble la pénombre.
Des brumes hantent les vallons, la neige somnole au talus ; on dirait qu’elle en attend d’autres.
On lit au lit, on regarde des affiches qui annoncent on ne sait quelle catastrophe, la fin de tout, pourtant rien ne semble bouger dans le forêts ou sur les routes.
Il y a juste ceux, celle, que l’on aime parce qu’ils sont la vie, notre vie.

Maxime Massa, 59/60, un an, une vie,, Covid, calme, mélancolie, douceur, amour, quiétude, inquiet, dehors,
©Maxime Massa

59/60 sonne comme un long monologue, une déclaration d’amour. Le temps tout au long de ce surprenant petit livre a quelque chose de tout à la fois palpable, dense et pourtant éthéré et fugace. Bien sûr, l’époque était à l’angoisse alors que dehors rodait ce virus bizarre et insaisissable. Tout aussi insaisissable que le décompte des jours, l’écoulement des heures qui rapproche non seulement de ce virage des soixante ans, mais aussi de l’inéluctable finitude qui fait notre condition humaine.

Mais voilà, Maxime Massa en s’emparant de ces jours, les égraine comme une sorte de longue histoire empreinte de sérénité. Il y a bien entendu des tumultes, des nuages pesants, puisqu’une vie humaine est aussi affaire de bouleversements. Il y a aussi des heures de brouillard, de doutes durant lesquels il faut se tourner peut-être vers la religion ou la prière. Mais au fond ce qui prévaut c’est une forme de sérénité contemplative.

Maxime Massa, 59/60, un an, une vie,, Covid, calme, mélancolie, douceur, amour, quiétude, inquiet, dehors,
©Maxime Massa

La vie n’est peut-être qu’une question de choix ? On décide des études, des amours, un métier. On choisit de garder en mémoire une photographie plutôt qu’une autre. Par cette décision nous colorons nos souvenirs. 59/60 se lit comme un moment de douce mélancolie, de nostalgie tendre. Quand Maxime Massa édite ses images, il rend hommage à celle qu’il appelle « l’amour de sa mort ». Et de cet amour il nous fait offrande.
Peut-être est-ce ce que nous devons retenir : le monde se bouleverse, se tord dans des affres que les médias nous rabâchent sans cesse. La maladie et les décomptes macabres deviennent des litanies inquiètes auxquelles nous ne prêtons que trop attention. Pourtant, les arbres perdent et retrouvent leurs feuilles, les enfants jouent, les fleuves baignent le monde et nous sommes amoureux.

Maxime Massa, 59/60, un an, une vie,, Covid, calme, mélancolie, douceur, amour, quiétude, inquiet, dehors,
©Maxime Massa

59/60 est un livre de jour de pluie ou de tristesse, un livre à lire quand nos émois nous gagnent trop. S’y plonger c’est prendre une bouffée de calme, de vie et de joie.
Merci à Maxime Massa d’avoir gardé ça de cette année-là, grâce à lui nous savons maintenant que nous ne vieillissons pas dès lors que nous prenons le temp de regarder autour de nous.

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Frédéric MARTIN
Frédéric MARTIN

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