Improvisations – Joël Alain Dervaux
« Ces traces corporelles constituent de véritables improvisations » écrit Joël Alain Dervaux dans son livre Improvisations. Et de fait, les corps dénudés (en majorité masculins, mais il y a aussi quelques corps féminins), évoluent au sein d’un espace clos, le marquant de leurs expressions, de leurs émotions. Tout est alors figé par le photographe, une permanence sur le film photographique d’une impermanence sensible.
Corps nu, cœur, peau, main crispée, ventre saisi. Les yeux clos, les yeux clos, les yeux clos. Désir, main visage, fragments, encore, fragments, des mains pudiques, le visage fermé, les yeux regardent, ne regardent pas.
Kaléidoscope, livre à tiroirs, recoins secrets (de l’âme ?), double page dépliée, papier calque transparence (de l’âme encore ?). La beauté saisie est fugace, le corps est fugace, rien ne dure, on revient à la lumière blanche encore et encore.
White Light white heat… Et le texte de Valérie Fougeirol
Et le texte de Valérie Fougeirol.
C’est peu de dire que le livre de Joël Alain Dervaux est un ouvrage à secrets, à emboitements. Les corps sont là qui s’expriment dans un espace déterminé. Rien n’est prémédité si ce n’est le choix de la nudité, peut-être la plus pure expression si l’on considère que l’habit est déjà une histoire en soi. Le photographe ne guide pas, les modèles bougent, improvisent et il y a soudain ce moment où le corps, le visage, l’être adviennent. Tout simplement. Le corps parle des émois de l’âme, d’un désir souterrain, latent, qui ne cherche qu’une porte de sortie. Quelque chose signifie et le photographe prend alors l’image, saisit cet instant pur.
Improvisations ne se lit pas, ne se parcourt pas, ne se regarde pas.
Improvisations se vit.
En effet, chacune des images, chacune de ces expressions pures ne peuvent guère s’expliquer. Intellectualiser à outrance ce processus c’est lui ôter toute sa force, sa densité. Il est bien plus intéressant d’être à l’image, de l’habiter.
Il y a dans cet ouvrage quelque chose d’une finalité. Pas dans le dit du corps, pas dans le besoin de l’expression, mais plutôt dans la construction d’une narration universelle. Ces corps ce sont aussi nos corps, nos histoires, nos désirs et nos refoulements. Nous construisons nos propres existences en masquant beaucoup de choses. Poids divers et variés, héritages culturels, familiaux ou sociaux, discours normatifs des institutions. La société est ainsi faîte, qu’elle nous empêche d’exprimer, de dire.
Pourtant, le choix de Joël Alain Dervaux d’acter avec une expression libre, avec la recherche dans ces corps d’une autre histoire, d’un autre possible, quelque chose qui se révèle au moment où on ne s’y attend pas, procède de la structuration d’un nouveau paradigme. Il y a rupture, parce que la liberté devient un possible, un choix. Il est d’ailleurs intéressant de savoir qu’Improvisations est inspiré par la psychanalyse et l’axe signifiant/signifié.
On pourrait voir en cet ouvrage un éloge du corps, qui plus est du corps désirable. Et c’est une part du travail qu’il ne faut pas négliger, d’autant que l’esthétique du photographe proche de la statuaire antique par moments ou du travail d’un Mapplethorpe, ainsi que celle du livre (qui est d’une beauté et d’une délicatesse remarquables) concourent à cela. Le Beau est mis en exergue, offert à l’œil comme une offrande. Mais encore une fois, il importe de rappeler que ce livre recèle de multiples entrées, à l’image de notre psyché, et que cet éloge du désir porte en lui des possibilités qu’il ne faut pas ignorer. Signifiant, signifié encore une fois.
On ne peut résumer Improvisations et il est même assez difficile d’en parler sans le dévoyer. Comment expliquer l’inexplicable ? Comment dire l’indicible, le caché, l’insu ? C’est toute la difficulté de travailler sur l’âme en passant par le corps. La danse s’y emploie, l’écriture aussi parfois (que fait Proust si ce n’est décortiquer son âme ?), la photographie plus rarement parce que le média se retrouve limité dans ses modalités d’expression.
Pourtant Joël Alain Dervaux parvient à nous pousser dans cette voie, à nous amener hors des sentiers balisés et sécurisants qui sont les nôtres habituellement.
Improvisations est un ouvrage essentiel, il est impératif de ne pas passer à côté.
59€
Nombre de pages : 168
Façonnage : format 24 x 32 cm à la française, brochure cahier 4 pages couverture de dessus et cahier 4 pages couverture de dessous, les deux sans impression, gaufrage titre et auteour page 3 de la couverture de dessus, jaquette à rabats de 22,7 cm,
intérieur 6 papiers différents :
- 8 pages (2 plis éco fermé/début 1er cahier),
- 2 dépliants de 8 pages portefeuille (à insérer au centre de 2 cahiers de 16 pages,
- 6 cahiers de 16 pages
- + 1 cahier de 16 pages,
- 1 cahier de 16 pages (face brillante du papier = verso)
- 8 pages, dernier cahier
rainage et pliage des 2×4 pages couvertures, dos carré cousu collé, couture apparente, rainage et pliage 4 plis et pose de la jaquette
Impression :
– Jaquette : bichromie noir + gris pantone recto/verso
– Intérieur 8 pages pli éco : bichromie (noir + gris pantone) recto/verso
– Intérieur 2×8 pages portefeuille : bichromie (noir + gris pantone) recto/verso
– Intérieur 96 pages : bichromie (noir + gris pantone) + Pantone argent 877U recto/verso
– Intérieur 16 pages : bichromie (noir + gris pantone) + Pantone argent 877U recto/verso
– Intérieur 16 pages : Pantone argent 877U recto, bichromie (noir + gris pantone) verso
– Intérieur 8 pages : noir recto/verso
Types de papiers utilisés :
– Couverture dessous et dessus : Arcoprint Milk blanc 300 g
– Jaquette : imprimée sur Pergamenata Bianca Blanc 110 g
– Intérieur 8 pages pli éco : imprimé sur Pergamenata Bianca Blanc 110 g
– Intérieur 2×8 pages portefeuille : imprimé sur Pergamenata Bianca Blanc 110 g
– Intérieur 96 pages :imprimé sur Arcoprint Milk Blanc 70 g
– Intérieur 16 pages :imprimé sur Arcoprint Milk Blanc 100 g
– Intérieur 16 pages :imprimé sur 1 face Splendorlux L/W Premium White blanc 80 g
– Intérieur 8 pages :imprimé sur Pergamenata Bianca Blanc 90 g
ISBN : 978-2-9576578-0-3