©Axelle Duault-Dhallenne

Avec D’Ici et D’Ailleurs, paru
chez Corridor Éléphant Éditions, la photographe Axelle Duault-Dhallenne nous
offre un voyage lent, presque une dérive. Il est question ici de paysages, de
lieux, de sensations ténues comme des moments fragiles et sensibles.

Attention sol mouillé annonce une
pancarte jaune avant que le regard ne porte sur la façade d’un immeuble de
briques rouges constellée de fenêtres. Plus loin ce sont les paysages
américains, noir et blanc comme un vieux film, la réminiscence du jour d’avant.

Un escalier mène au fond
caillouteux d’un lac ou d’une rivière ; demain au petit déjeuner ce sera
bacon et œuf dans un diner… Des minarets, une moto couverte d’un tapis aussi
kitsch que flamboyant, une caravane dans le désert, encore les États-Unis en
noir et blanc, de baskets, des chaises, une demie pêche. Exit, prendre la
prochaine sortie, croiser des ombres et des brumes, patienter dans la chambre
sous les pâles lentes du ventilateur.

Le Monde est là dans quelques
bribes, dans les éclats d’une mosaïque infinie.

©Axelle Duault-Dhallenne

D’Ici et D’Ailleurs tombe à point
nommé pour la reprise de ces chroniques. En ces temps estivaux propices aux
pérégrinations, il invite justement à se déplacer. Mais par la simplicité du
regard d’Axelle Duault-Dhallenne, ce déplacement prend la forme d’une sorte de
lente glissade. Elle nous embarque de lieux en lieux, de moments en moments par
un glissement à peine esquissé. L’endroit importe presque peu, du moins il n’a
pas cet aspect primordial que lui accordent les touristes. Au contraire… A la
fin du livre en légende, nous apprenons que telle image a été prise au Canada
ou au Liban, et même l’heure de prise de vue. Comme si l’humain avait parfois
ce besoin d’avoir encore quelques repères, une sécurité face au silence absolu
du monde.

©Axelle Duault-Dhallenne

Pourtant, et c’est ce qui fait la
force de ce travail, il n’y a pas d’importance à savoir le lieu. Parce que ce
qui nous entoure est souvent su ou fantasmé. Qui n’a jamais rêvé devant ces
vastes étendues américaines ? Qui n’a jamais imaginé la chaleur des pays
moyen orientaux ? Et pourtant, nous n’y sommes parfois jamais allés.
Réminiscences, images mentales, fantasmatiques, voilà sur quoi Axelle
Duault-Dhallenne braque son regard. C’est d’ici, c’est d’ailleurs, ce sont tous
les endroits du monde ou un seul.

Chaque fragment qu’elle prélève,
toutes ces images à la douce mélancolie, à la délicate quiétude sont les éclats
d’un rêve sans cesse vécu. Nous nous rappelons, nous revivons, nous projetons
notre regard. Et le monde s’offre à nous. Il n’y a pas des voyages, mais un
seul sans cesse continué, ne se terminant jamais vraiment. C’est l’écho
assourdi de celui-ci qui se répète encore et encore.

©Axelle Duault-Dhallenne

Avec D’Ici et D’Ailleurs le temps
ne pèse plus rien, les heures lentes sont une poésie tranquille.

Merci donc à la photographe pour
ce livre fin et fragile. Il ouvre les yeux, amène le regard là où les temps n’a
pas de prise, il prolonge les jours et leurs lumières.

Site d’Axelle Duault-Dhallenne

Site de Corridor Éléphant

38€

Édition limitée, numérotée,
signée par la photographe et certifiée par un cachet à froid. Format 21×15 cm
(format cahier), 100 pages. 65 photographies.