©Ilias Georgiadis

Forecast, nouvel ouvrage d’Ilias Georgiadis paru chez Origini Edizioni, est le fruit de cinq années de travail. Comme toujours chez cet éditeur, c’est d’abord un objet magnifique, ici un livre emballé dans un cuir végétal fermé par un lacet, l’ensemble évoquant un vieux grimoire, un ouvrage mystique et secret. Par ailleurs, il s’accompagne d’une composition originale de Daphné Kotsiani accessible via un QR Code.

L’histoire prend naissance quand un vol d’hirondelles, migrant depuis le sud vers le nord de l’Europe, se retrouve cloué sur le sol grec suite à un orage…

©Erminia Aurora Rizzacasa

I… Une côte découpée face à l’immensité de la mer. Un visage de femme. Un oiseau.

II… Une côte découpée et des installations portuaires. Des navires et des fumées. Un oiseau.

III… Une côte, la même, la mer encore. Des oiseaux. Un visage en gros plan.

IV… Un rocher et la mer. Toujours la mer. Un visage en gros plan. Des mains.

Retour au I. Puis au II. Puis au III. Puis au IV.

Puis retour au I…

Le monde est un cercle, des visages, la mer, les rochers, un chien au regard triste, des îles, des mains, des oiseaux encore des oiseaux, des mains, des visages, la mer, des humains, des oiseaux.

Le monde est un cercle, la vie aussi, tout se répète, saison après saison après saison, moment après moment, jour après jour.

©Ilias Georgiadis

La première des choses à faire pour vivre pleinement l’expérience qu’est la lecture de Forecast c’est de mettre la composition musicale qui l’accompagne. Il est assez rare que musique et photographie soient associés (à quelques exceptions près) et il faut bien avouer qu’ici la réussite est totale.

Les arpèges s’égrènent, les images défilent comme un voyage sans fin, cyclique.

Parce que Forecast est une odyssée, une expérience. De celles que l’on fait comme humain, de celles que l’on vit quand on prend garde à vivre sa vie, à se placer au centre du grand Tout qui nous entoure.

Conçu en quatre chapitres, comme les saisons, le livre reprend les mêmes motifs (l’oiseau, la mer, l’Homme) tout en le décentrant à chaque fois.

©Ilias Georgiadis

Chaque instant est pareil à l’autre semble nous dire le photographe. Et pourtant non. A l’instar des vagues qui s’échouent sur le rivage, des migrations des hirondelles, des mouvements de la Terre tout est toujours identique et complétement différent.

C’est le mouvement de la Vie, le passage du Temps. Et au cœur de celui-ci on trouve l’Homme, l’être humain et sa myriade de contradictions, d’incompréhensions de Soi, de l’Autre, de l’univers.

Il faut faire ce voyage étrange qu’est vivre.

Il faut traverser des mondes que nous ne comprenons pas nécessairement, des zones de turbulences qui sont parfois nos propres zones de turbulences.

Il faut exister et espérer que ce qui nous entoure finisse par se connecter à nous.

Chaque page, tous ces moments photographiés, ces lieux, ces personnes nous ramènent au même point, au même moment, nous ramènent à nous. Mais tout semble pourtant différent ou avec un air de déjà-vu. C’est peut-être ça finalement que nous devons expérimenter ?

©Ilias Georgiadis