Deep – Gil Barez/Jérémie Denis

 

liberté sauvage
©Gil Barez

 

Avec Deep, paru chez L’Enfant Sauvage, Gil Barez et Jérémie
Denis nous offrent un fanzine qui interroge aussi bien une forme de liberté
d’être qu’un droit à être libre.

Dans les années 90/2000 (peut-être est-ce encore le cas) on lisait
ce slogan dans le monde des raves et autres free party : « On n’arrête
pas un peuple qui danse. » et il semble primordial de se souvenir que la danse, la musique, l’expression de la joie, qu’elle soit mystique ou non est le fondement de la liberté.

profond danse fête liberté

 

Ils sont là au plus sombre du plus sombre des bois, des
forêts. Ils sont là dansants, païens, autour de feux vivants.

Ils sont là avec des costumes, grimés, sauvages et libres.
On est sauvage au son des tambours quand les corps s’embrasent. Libre comme les
chevaux, le vent, les faunes qui hantent les étangs gelés.

Les costumes d’avant, ceux que l’on portait pour vénérer d’anciens
dieux aujourd‘hui oubliés, divinités chtoniennes, anges de la pluie, sont de
sortie ; c’est un Carnaval secret et vibrant, un itinéraire sans fin.

 

Frédéric Martin 5ruedu chronique livre photo
©Jérémie Denis

 

 

Non on n’arrête pas un peuple qui danse parce que la joie,
l’ivresse qui saisit le corps est avant tout affaire de liberté et que la
liberté est affaire de tous.

Deep est bien plus profond qu’il n’y paraît et ça sans jeu
de mot. En effet, à une époque où le droit d’être Soi est aussi bien porté
comme un étendard que violemment combattu par une kyrielle d’ayatollahs
imbéciles, de rejetons des périodes le plus noires de nos histoires, il faut
regarder la réalité, ce qu’il en est vraiment.

D’un côté un monde aseptisé, où les réseaux sociaux, la
novlangue et le rejet des différences devient une norme angoissante. De
l’autre, des îlots de joies lumineuses, d’espoirs dans le Vivant,
d’ensauvagement salutaire.

Gil Barez Deep Jérémie denis L'enfant Sauvage
©Jérémie Denis

 

Gil Baez, Jérémie Denis nous conduisent là où tout à
chacun peut être enfin ce qu’il est. Depuis toujours les Hommes ont célébré des
fêtes, se sont costumés, grimés pour remercier quelques divinités fantasques,
pour honorer les saisons, pour être ensemble tout simplement. La Nature devient
alors lieu d’accueil, de refuge ; elle protège celui qui veut vivre
pleinement, elle est tout à la fois lieu de vie, d’expression, c’est peut-être
ce qu’il faut garder d’elle. Tout est là au plus profond des bois, dans les
landes, là où personne ne contrôle les Hommes.

Parcourant Deep, contemplant ces costumes aussi vieux que
l’humanité, savourant la joie, la fièvre qui habitent ses pages, il nous vient
à l’esprit que notre époque manque peut-être cruellement de célébrations, de
vie et de fêtes.

Gil Barez Deep Jérémie denis L'enfant Sauvage
©Gil Barez

Non on n’arrête décidément pas un peuple qui danse et ceux
qui ne dansent pas, qui n’aiment ni la danse, ni la musique, ni même le son du
ruisseau, le crissement du lac gelé et l’envol de l’oiseau, ceux qui voudraient
faire disparaître, rentrer dans le rang, uniformiser sous le gris costume des
habitudes, du béton et du quotidien, ceux qu’ils ne comprennent pas et jugent
fous, sont dépassés par les événements.

Merci donc à Gil Barez et Jérémie Denis de nous donner
encore un espoir, de nous montrer que tout reste possible. Merci aux femmes,
aux hommes qui s’embrasent des nuits durant, merci aux passeurs de mémoires,
aux druides à cornes, aux sorcières, aux troubadours, mystiques voyageurs, bref à tout ce peuple
dansant, d’être là.

Sans eux, il n’y aurait qu’un monde sans flammes et sans joies.

Un monde sans profondeur.

Site de Gil Barez

Jérémie Denis sur Instagram

Site de L’enfant Sauvage

15€

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