Balkans – Olivier Léger

Balkans Olivier Léger livre photo
©Olivier Léger
 
 
Olivier Léger avec Balkans nous invite à un voyage, mais pas de ces déambulations clichées où le lecteur trouvera des images convenues et sans âme. La photo d’Olivier, à contrario, est subtile et nuancée, délicate. Il ne s’agit pas ici de voir un décor, de visiter des villes, d’aligner les portraits à la sauvette, mais plutôt de ressentir, d’éprouver l’âme d’un lieu et de ses habitants.
 
 
Klavdij sluban, mental voyage

 

Des fleurs rouges dans la pénombre, l’ondulation des blés entrain de mûrir, des hommes, des femmes et de la lumière.

Partout.

Tout le temps.

Un visage flou, un canapé rouge foncé, des bâtiments de béton au look de films de SF des années 70.

Et encore de la lumière.

Un navire dans la pluie, un chemtrail barre le ciel, d’autres hommes, d’autres femmes.

Et la lumière toujours.

Ici ni lieu, ni date (bien qu’Olivier Léger nous les indique au début et à la fin du livre), mais une forme de déambulation lente, de relation à l’espace hors du temps.

Le photographe ne photographie pas, il saisit, il emmagasine, il collecte.

Le photographe ne photographie pas, il explore, il cartographie son âme, il nous guide.

 

Balkans Olivier Léger
©Olivier Léger

Bien sûr, les Balkans ont été photographiés tant de fois, mais ce serait faire injure à Olivier Léger que de le comparer à ce qui existe déjà. D’une part parce que sa démarche n’est pas celle d’un Klavdij Sluban ou d’un Ljubisa Danilovic (version Georgia), d’autre part parce que la photographie en général ne saurait se satisfaire de comparaisons systématiques.

Dans un bel article accompagnant le livre, le journaliste David Laufer écrit :  » Les images d’Olivier Léger échappent à ces catégories (NDLR : les images des autres photographes) sans toutefois les ignorer. » et c’est ce qui caractérise et forme l’originalité de ce livre.

Bien sûr, il y a les formes mentales que nous associons aux Balkans, une sorte « d’ambiance » générale, pourtant par le choix des cadrages, par cette lumière systématique qui baigne les images, par la construction atemporelle du livre, Balkans s’échappe vers quelque chose de l’ordre du mental bien plus que du physique.

lumière vie
©Olivier Léger

 

Au fond ce ne sont pas ces territoires vastes entre Grèce et Croatie, Bulgarie et Serbie qu’explore Olivier léger. Non, ce sont plutôt des lieux mentaux.

En marchant avec lui, page après page, ce qui apparaît ressemble bien plus à un puzzle plein de souvenirs, d’odeurs, de couleurs qu’à une structure cohérente et narrative. Voilà qui est heureux ! Parce que le lecteur peut ainsi errer, déambuler, flâner avec le photographe. En quête de quoi ? De tout et de rien. Un peu de lumière, un déséquilibre, un moment de grâce, une fragilité.

Balkans Olivier Léger
©Olivier Léger

 

Par moments, c’est le Rimbaud de Sensation qui s’invite, celui « picoté par les blés », « rêveur ». Olivier Léger n’a que faire, semble-t-il, de donner à voir, de montrer quelque chose de précis, de structuré, d’organisé. Ce qui ne veut pas dire que son travail n’est pas rigoureux. Bien au contraire, c’est justement parce qu’il laisse son cœur parler plutôt que sa tête que ses photographies sont pleines de vie.

Une fois Balkans refermé viennent des envies de voyage, de trains à prendre et de liberté. On se voit avec un appareil en main, traquant nous aussi la fugacité des instants, cherchant cette lumière qui habite les images d’Olivier Léger.

Peut-être un jour nous suivrons ses traces, qui sait. En attendant, délectons nous de son livre…

Site d’Olivier Léger

25€

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Frédéric MARTIN
Frédéric MARTIN

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