Durant tout le mois de mars, 5ruedu a décidé de ne publier que des chroniques d’ouvrages d’autrices, tout en privilégiant, le plus possible, les éditrices. Il semble important, en effet, de rendre plus visibles celles-ci alors même qu’on ne leur laisse pas toute la place qui devrait être la leur.
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©Stéphanie Di Domenico |
« Un jour je suis née, depuis j’improvise. » pourrait être la phrase étendard que porte Stéphanie Di Domenico.
Avec Another day before death (un autre jour avant la mort) elle nous livre un opus aux parfums de rock, de vie sans limites, d’amour et de corps. Puisqu’il faut vivre maintenant que nous sommes sur Terre autant que chaque instant soit vécu de façon pleine et entière. Et surtout que ces instants soient gravés quelque part, sur une pellicule noir et blanc pleine de grain, dans un livre, dans la mémoire surtout.
Dans la vie de Stéphanie il y a des femmes, beaucoup, parce que Stéphanie soigne l’âme par la photo. Il y a des femmes nues, des femmes habillées, des jeunes et des plus âgées.
Dans la vie de Stéphanie il y a des nuages et des chevaux blancs sous le ciel de Camargue.
Dans la vie de Stéphanie, il y a des tatouages, des vagues et la mer qui revient, puis des bouquets de fleur, des enfants et des corps encore.
Dans la vie de Stéphanie il y a des autoportraits comme autant de jalons des jours qui passent, comme autant de mémoires de ce qui a été.
La vie de Stéphanie est immense et minuscule, comme toutes les existences, mais la photographe, elle, a au moins conscience de ça et nous le livre en toute simplicité, ayant l’air de nous dire : « C’est comme ça. Tu prends, tu laisses, je m’en moque. »
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©Stéphanie Di Domenico |
Aux lisières entre journal intime et carnet de route, Another day before death ne cesse de nous surprendre et nous invite avec une certaine subtilité et une grande force à considérer ce qu’est exister.
Non pas vivre, ça nous le faisons tous, à chaque inspiration, à chaque expiration, nous le faisons aussi quand nous parcourons nos vies sans en garder la moindre trace, sauf parfois un souvenir qui va orner une étagère et prendre la poussière, rien de plus.
Mais exister, quel grand mystère !
On ne peut pas se contenter de traverser les mois les uns après les autres pour au final mourir un beau jour avec le sentiment de n’avoir rien vu, entendu, retenu. Ca c’est vivre et franchement ça n’a rien de très excitant.
Mais exister, avoir conscience de ce que nous faisons, décider de le faire (et en cela se rapprocher du Cyrano de la tirade des non merci) et dans ce cas précis le photographier, l’offrir au lecteur, voilà quelque chose de bien plus passionnant, de bien plus exaltant.
Parce que, finalement, le travail de Stéphanie Di Domenico a quelque chose de métaphysique et de particulièrement humain.
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©Stéphanie Di Domenico |
Donc, Stéphanie Di Domenico, elle, existe.
Elle vit, elle vibre, elle entraîne à sa suite ses amies, ses sœurs, qu’elle photographie pour leur redonner foi. Elle porte le monde à bout de bras, en improvisant à chaque moment, à chaque seconde, son indépendance.
Et de fait, ce livre est une magnifique ode à la liberté. Liberté de soi et d’être, liberté de vivre, de choisir dans ces jours (ceux qui précédent la mort) ce qu’on a envie de faire et comment le faire.
Liberté de l’apparence aussi, où l’on se moque complétement du regard des autres, de leurs assentiments.
Bien évidemment rien d’idyllique là-dedans, l’autrice n’est pas naïve. Il y a comme toujours des moments de doute, de pluie, et de tempêtes. Chacun, chacune en a fait l’expérience et ne peut qu’acquiescer. Mais autant continuer parce qu’à quoi bon sinon ?
Another day before death, au-delà de ses qualités formelles, est un livre touchant, un livre qu’on ne peut qu’aimer parce qu’il insuffle à chaque page le courage nécessaire pour mener une vie qui ne soit pas qu’une succession de moments fades et ternes.
Des expositions à venir :
Le jeudi 9 mars librairie chez Simone à Bayonne (visible tout le mois de mars)
Le jeudi 16 mars chez olab Marseille
Le samedi 13 mai à Biarritz (galerie la pâtisserie graphique)
Biographie
La
Photographie libératrice
Qui suis-je pour proposer
d’initier une démarche de photographie thérapeutique.
Je suis devenue photographe en 2015, par
amour de cet art bien sûr mais pas seulement : je l’ai fait mien comme antidote
à une rupture, une douleur, l’un de ces tournants de vie qui éraflent la confiance en soi.
Je m’y
suis plongée à corps perdu ; j’ai appris les gestes, entraîné mon œil,
apprivoisé la technique, et choisi la femme comme modèle : moi-même, pour
réapprendre à m’accepter, à me plaire, et toutes les femmes, leurs différents
corps, tous magnifiques parce qu’assumés. Au
cours de mes rencontres intimes et artistiques, j’ai eu la chance de pouvoir
photographier des femmes qui avaient besoin de se réapproprier leur corps, de
l’aimer « malgré tout » : ces séances ont été un déclencheur de l’envie d’aller
plus loin. De rendre mon art utile.
La
photographie comme moyen de prendre soin de soi ? j’en suis convaincue.
Les femmes, les lieux, les moments que j’ai décidé de photographier à
présent sont cela. Imparfaits. Réels. Vivants. Fidèles à eux-mêmes. Dans mon
prisme en tous cas.
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