Garden – Marta Zgierska/Mateusz Sarello

 

Marta Zgierska Mateusz Sarello Blow Up Press Garden
©Marta Zgierska/Mateusz Sarello

 

Et le corps et le cœur, le cœur surtout, s’effondrèrent.

Elle était partie, il n’avait plus rien, que des bouquets qu’il n’offrit jamais, que des morceaux de lui à tenter de recoller.

Et vint alors celle qui pourrait, peut-être, lui redonner goût à la vie, goût à l’amour.

Mateusz Sarello, après un échec amoureux, inouï de chagrin, ne sait plus vivre, simplement être heureux. Et quand Marta Zgierska entre dans son existence elle trouve un homme avec une collection de photographies de fleurs fanées.

Que faire ? Comment donner un sens à ce passé, comment effacer un peu les traces de l’ancienne histoire ? Marta choisit de photographier des parties de son corps, de les intégrer dans ces images de bouquets desséchés.

Elle décide de prendre la place qui est la sienne dans cette amour en devenir.

C’est ainsi qu’est né Garden, paru aux éditions Blow Up Press.

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Un bouquet d’oreilles, une tulipe doigt qui renaît d’une fleur fanée, plus loin des yeux, des cheveux.

Des fragments de corps à assembler, à révéler, à découvrir.

A aimer.

Et ensuite, après les mots de souffrance, des vases vides sur fond noir.

Une autre histoire ?

Garden, livre de très grand format, encore une fois magnifiquement maquetté par Aneta Kowalczyk (dont nous ne saluerons jamais assez les talents) est de ces ouvrages porteur tout à la fois d’espoir et de réflexion sur la nature humaine.

L’amour fait mal, surtout quand il n’est plus là et que dans les longues heures d’insomnies on ne sait plus quoi faire de soi, de son âme, de son corps.

Existe-t-il un remède, au moins un espoir ? Est-on fait pour souffrir encore ?

Marta Zgierska Mateusz Sarello Blow Up Press Garden
©Marta Zgierska/Mateusz Sarello

 

Ce que semble nous dire Marta Zgrieska quand elle s’empare des photographies souvenir de cette histoire achevée, c’est tout d’abord de prendre sa place, de se saisir de ce que le passé a de plus douloureux pour aller vers une forme de transcendance.

« Impose ta chance, serre ton bonheur, va vers ton risque. A te regarder ils s’habitueront. » On pourrait penser à ces vers de René Char en regardant le travail fourni par la photographe pour donner sa chance à cet amour qui naît sur les ruines d’un autre.

Et tout est là : du passé il ne faut pas nécessairement faire table rase, parce que même dans la pire des choses il est possible de trouver les grâces de la joie et de l’émerveillement.

Il serait peut-être vain de parler de remède, ce serait si simple, mais au moins le courage de regarder les choses en face, et d’aller vers autre chose.

Marta Zgierska Mateusz Sarello Blow Up Press Garden
©Marta Zgierska/Mateusz Sarello

 

De fait, Garden n’est pas que la simple recension d’un amour à venir, d’une femme qui prend sa place. C’est aussi une réflexion plus approfondie sur l’acte photographique en tant que vecteur mémoriel.

Si on photographie pour avoir des souvenirs, il faut bien sûr garder en tête le double tranchant inhérent à la pratique : la trace reste, et ce qui va avec aussi. Quand Mateusz Sarello saisit ces bouquets, ces fleurs que jamais il ne donnera, il est vraisemblable que rien en lui ne pouvait simplement imaginer un futur plus heureux, moins morcelé. Et il ne paraît pas saugrenu de penser qu’il n’imaginait pas une autre femme devoir s’emparer de ces images, devoir vivre avec aussi.

Marta Zgierska Mateusz Sarello Blow Up Press Garden
©Marta Zgierska/Mateusz Sarello

 

Alors que faire ? Ne pas photographier ?

Mais dans ce cas comment accepter, parce qu’il y a dans l’acte une forme de courage à regarder les choses en face.

Photographier et oublier ?

Pourquoi pas…

Ou bien, et c’est ce que Garden nous invite à faire peut-être, dépasser, réutiliser, recréer à partir de.

En un mot : reconstruire.

Apprendre la vie avec plutôt que la vie sans.

Apprendre la sensualité d’une main, d’un regard

Apprendre que l’amour existe encore.

Au fond,  Marta et Mateusz ont écrit leur Hymne à l’amour, mais un hymne fait d’images, de corps, de joie.

Et cette chanson à deux voix laisse de sérieux espoirs à toutes celles et ceux qui en ce moment vivent dans la plus sincère des douleurs.

Demain c’est loin, certes, mais demain les fleurs refleuriront, alors gardons l’espoir, l’amour est là qui arrive !

 

Site de Marta Zgrieska

Mateusz Sarello sur Instagram

Site de Blow Up Press

85€

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Frédéric MARTIN
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