La plaine de César – Pierre Faure

La plaine de César Pierre Faure éditions sur la crête
©Pierre Faure

 

La plaine de César, le nouveau livre de Pierre Faure, paru aux éditions Sur La Crête, a pour cadre les plaines céréalières du nord du bassin parisien, à quelques kilomètres de Beauvais.

Mais, de façon plus générale, ce livre suit la voie ouverte par ses précédents opus c’est à dire un travail plus vaste autour de la France périphérique. Cette expression, née de la plume du géographe Christophe Guilluy, met en exergue cette France que les médias ne voient pas, cette France des marges, où l’on vit avec peu, trop peu, où la voiture est le seul moyen de locomotion, où l’on subit bien plus les volontés politiques qu’on ne les accepte. C’est la France des Gilets Jaunes, des ronds-points, la France d’une certaine forme d’ennui aussi.

Mais ce sont aussi des femmes, des hommes, jeunes ou plus âgés, avec leurs rêves, leurs espoirs, leurs choix de vie, leurs existences aussi immenses et infimes que celles des autres. Et cette France, Pierre Faure la documente, la chronique inlassablement.

La plaine de César Pierre Faure éditions sur la crête

 

Un immense tas de betteraves et l’horizon infini.

Rien. Il ne semble rien y avoir, que le blé qui sera moissonné bientôt. Même les arbres, les haies sont frileusement recroquevillés pour éviter de prendre trop de place.

Pourtant, plus loin il y a un village ou une petite ville. Une quincaillerie fermée, des bottes de foin comme une muraille, une piscine tournesol vestige des années 70 triomphantes. C’était avant, avant le choc pétrolier, avant la pauvreté galopante, avant la mondialisation.

Puis, ils viennent à nous un à un, pas à pas, les habitants du lieu. C’est un chasseur à la moustache conquérante devant ses trophées, une jeune fille brune aux cheveux longs et aux créoles immenses, une autre de dos, un jeune agriculteur au regard fier.

Eux, naissent ici, grandissent ici, meurent ici. Parfois, ils s’évadent vers un ailleurs, Paris peut-être, le Sud, le soleil et la chaleur. Mais la plupart va rester, parce qu’ils n’ont pas vraiment le choix, la possibilité.

Eux, on les croise ici dans le Beauvaisis, mais aussi en Vendée, dans l’Allier, dans le Nord et partout où vivent les français périphériques.

Eux personne ne les voit, personne ne les regarde, personne ne les entend.

La plaine de César Pierre Faure éditions sur la crête
©Pierre Faure

 

Que dire alors sur ces personnes qui forment pourtant une part importante de la population française ?

Il n’y a peut-être rien à dire, justement, mais au contraire tout à montrer. Parce que dire c’est mettre des mots, simplement des mots, sur une réalité qui dépasse ceux-ci.

Bien entendu, il est important de nommer ce qui est : la pauvreté, la marge, le déclassement de ces français populaires. Mais ce travail ne saurait se satisfaire de ça.

En effet, par l’usage de la photographie, par son immersion au cœur même de cette réalité, Pierre Faure nous invite à regarder et à comprendre ce que nombre de nos compatriotes vivent au quotidien.

Oui, les images de La Plaine de César sentent parfois l’ennui, la longue solitude de ceux qui n’ont pas grand-chose à faire pour occuper leurs journées. Mais elles sont aussi pleines de vie, parce que ces hommes et ces femmes qui les composent font aussi partie de ceux qui nourrissent le pays, qui se fatiguent à la tâche dans ses usines, ses abattoirs, ses aéroports.

On oublie trop souvent que des millions de personnes offrent leurs forces pour des salaires souvent faibles, dans des métiers précaires et l’on se sent tout étonné quand les mêmes se révoltent parce que l’essence devient trop chère.

Sur la crête chronique livre photo
©Pierre Faure

 

La pauvreté, les existences fragiles ne sont pas propres aux espaces périphériques, elles concernent aussi les habitants des quartiers pauvres des métropoles, mais le travail de Pierre Faure a le pouvoir de révéler les premiers.

Cette réalité indéniable est portée par la photographie, et il faut tout autant remercier les personnes qui ont accepté de poser pour le photographe que le photographe lui-même. Sans eux rien ne serait ni montré, ni su : la fragilité des existences, leurs difficultés aussi, mais les espoirs, les fiertés, la volonté d’avenir qui anime chacun.

Il ne faut pas fermer les yeux plus longtemps, parce que ignorer ces lieux, ces humains, c’est les mépriser.

Il faut, au contraire, se plonger sans relâche dans le travail de Pierre Faure et parcourir cette plaine de César immense er inconnue.

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Le livre est disponible sur demande auprès de l’éditeur.

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Frédéric MARTIN
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