Une synchronicité dans la psychologie analytique, développée notamment par Carl Gustav Jung, est l’occurrence simultanée d’au moins deux événements qui ne présentent pas de lien de causalité physique mais qui prend sens pour celui qui les perçoit.

La première des Synchronicités, dans le livre éponyme paru chez Arp2 éditions, est peut-être extradiégétique. Sophie Aaron voyage beaucoup. Elle aime l’art. En tant que telle la liaison n’a pas de réel sens puisque des voyageurs amateurs d’art il doit en exister beaucoup.

Mais de cette rencontre initiale naît une autre particulièrement troublante.

En effet, Sophie Aaron a peu à peu, que ce soit à Basel, Bruxelles, Paris, New-York, relevé, noté, photographié un étrange phénomène où le vêtement, la posture d’un spectateur fait écho à l’œuvre qu’il contemple.

C’est une femme en pantalon et manteau qui regarde une silhouette, elle aussi en pantalon et manteau, perdue elle aussi dans un espace vide et immense. (Hangar Pirelli, Milan, 2018).

C’est aussi une dame à la veste fleurie face à un tableau classique où les fleurs abondent. (Alte Nationalgalerie, Berlin, 2019).

C’est encore un homme à la chemise ornée de larges rayures rouges, bleues ou noires qui se perd dans les traits d’une œuvre de Mondrian. (Kunstmuseum, Basel, 2017).

C’est enfin une femme aux cheveux si blond qu’ils tirent vers un jaune profond qui se fond dans une immense peinture bleue. (Hauser et Wirth, New-York, 2019).

Alors que penser de ceci ? Synchronicités ne serait-il qu’un livre de hasards, d’obsessions peut-être ?

Pourquoi pas.

Mais, il faut tout de même une forme de réflexion obsessive pour traquer ainsi à travers le globe ce qui nous semble de simples coïncidences.

Et à vrai dire, ce serait réducteur et faire injure à Sophie Aaron de ne limiter ce travail à cette simple recherche.

Parce que, que savons nous de nos propres synchronicités, de ces hasards qui n’en sont pas vraiment ?

C’est la question que le lecteur doit se poser à la lecture de ce livre.

Ce qui fait sens, et plus largement pourquoi ça le fait, pour nous, est primordial à investiguer.

Il y a d’abord ces relations, ces échos formels (couleurs, formes, tons) que nous voyons. Oui, le bleu et le jaune s’accordent, nous le savons depuis la petite école.

Mais il y a, en arrière plan, le fait que si ces deux couleurs s’accordent ainsi dans l’image c’est parce que nous y avons pris garde, porté attention.

Or, Synchronicités ressemble à une invitation à regarder (plutôt que voir) ce qui nous entoure. Une proposition à ne pas prendre les choses tel que, mais bien à aller y chercher ce qui fait la matière de ce que nous nommons hasard ou coïncidence.

Nous lions/lisons les choses, les actes, gestes etc. mais trop souvent nous oublions, éludons le sens complet de ceux-ci.

Que faire alors ? Décrypter ?

C’est sûrement une partie de l’invitation faîte par Jung, c’est aussi ce à quoi pourrait nous inviter Sophie Aaron.

Une fois que nous aurons appris cette habitude d’observer, relier, rattacher, nous pourrons aller, peut-être, vers une vie plus dense, plus consciente.

Une vie où nous saurions voir les signes et symboles et où nous puiserions la matière de nos existences.

L’art, la beauté en font partie, ainsi que les étranges synchronicités de Sophie Aaron.

168 pages – 140 x 180 mm – 30 euros
400 exemplaires
160 photographies en quadrichromie
Couverture cartonnée

Diffusion PAON Diffusion (BE, FR, CH)

ISBN : 978-2-930115-84-9
 

30.00 €