Registre des voyageurs – Rodrigo Gómez Rovira/Anamaría Briede
A l’initiative de la Communauté de Communes dont il était l’invité, Rodrigo Gómez Rovira a passé quelques mois sur ces terres de bout du monde et cet ouvrage est la restitution de cette résidence. Par ailleurs, son ami Christian Caujolle, natif de l’endroit, lui a écrit un texte inclus dans l’ouvrage.
La neige, la montagne.
Des vallées aux végétations touffues, aux routes en virage.
Une vierge qui guette le voyageur égaré comme pour lui offrir protection.
Des hommes, des femmes, des visages rudes aux sourires timides, aux yeux brillants.
Parfois, une photo sortie d’un autre temps et pourtant si contemporaine.
Dans ce bout du monde, comme l’est le Chili dont est originaire le photographe, le temps semble figé ; passé et présent se mêlent formant une histoire complexe et sensible.
Ponctuant les photographies, les encres d’Anamaría Briede offrent des détours comme des voyages minuscules dans ces espaces intermédiaires.
©Rodrigo Gómez Rovira |
Registre des voyageurs a quelque chose d’un séjour dans un lieu magique et mystérieux, pareil à un retour sur des terres d’enfance, sur des époques qui en s’entremêlant s’imbriquent de la plus belle manière.
Par sa géographie bien plus mentale que physique, il ramène à des lieux immobiles, des moments qui s’orientent vers une forme d’éternité.
Et d’ailleurs, est-ce que le Temps passe vraiment en ces lieux ? Bien sûr, comme toujours il laisse son empreinte : certains ne sont plus, les visages d’autrefois ne sont maintenant plus que des images.
Mais Rodrigo Gómez Rovira nous offre quelque chose de bien plus précieux qu’un simple séjour sur des terres de montagne.
Le photographe nous amène dans la mémoire. La sienne puisque, chilien, il vient aussi de terres finies, d’un bord du monde. Il y a fort à parier que les montagnes de son pays et leurs habitants ne se distinguent pas tant que ça de ce petit coin des Pyrénées, ou l’inverse.
Mais, son travail ne s’arrête pas là. Parce que cette mémoire est celle aussi d’autres vies dans d’autres montagnes, le souvenirs d’ailleurs que tout à chacun peut avoir. Il y a un fil invisible qui relie les histoires, les passés, le présent en y conférant une forme d’universalité.
Bien sûr la modernité est passée par là ; la 4G, internet sont monnaie courante en ces lieux. Bien sûr les paysans ont presque disparu au profit de chef d’exploitation. Bien sûr, on fait ses courses dans des supermarchés et on achète le lait en brique. Pourtant, il reste en ces lieux un souffle immense qui traverse les époques et qui continuera tant que des écrivains comme Marie-Hélène Lafon ou des photographes comme Rodrigo Gómez Rovira seront là pour le voir et en témoigner.
Il faut donc le remercier d’être si attentif à la mémoire et la magie de ces lieux, puis savourer la lecture de ses images au noir et blanc dense.
Registre des voyageurs devient un carnet intime où l’on se perdra des heures.
Rodrigo Gómez Rovira est membre de l’Agence Vu
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