A l’origine – Gaëtan Chevrier
Avec à l’origine, paru aux éditions Sur la Crête (dont il est un des deux fondateurs), Gaëtan Chevrier nous invite à une déambulation photographique sur le territoire de Hong-Kong.
Mais, s’éloignant des stéréotypes du genre (buildings immenses, lumières de la nuit ou baie traversée de nombreux navires), Gaëtan Chevrier s’immerge dans une ville où la flore reste omniprésente au milieu des constructions imposantes et hétéroclites.
© Gaëtan Chevrier |
L’ouvrage ouvre sur quelques vues noir et blanc de Hong-Kong à l’aube du XXème siècle. La végétation est tantôt dense, tantôt rase ; le port grouille d’une multitude de petits bateaux, la ville n’est encore qu’une bourgade provinciale d’une Chine en proie à des conflits intérieurs et qui a dû céder cette parcelle au Royaume-Uni.
Hong-Kong n’est pas Hong-Kong, le monde est encore un petit village, les puissances économiques sont pour l’heure européennes.
© Gaëtan Chevrier |
Mais, voici qu’émergent des buildings blancs aux allures new-yorkaises.
Ici un terrain de sport, là une route, des glissières de sécurité, des barrières, des maisons, des murs.
Plus loin des Hommes minuscules perdus, presque noyés dans ces espaces.
Voici qu’Hong-Kong devient une place forte de l’économie mondiale, au point que la Chine lui décerne un statut particulier après la rétrocession britannique.
Pourtant, malgré le capitalisme galopant, malgré la fièvre des bâtisseurs, à chaque instant, au détour d’une route, d’un parapet, d’une rue surgissent des arbres, des buissons, des broussailles.
Tantôt luxuriante, comme au sein de la plus dense des jungles, souvent plus clairsemée comme condamnée à cohabiter avec la présence humaine, le végétal est partout.
Et le photographe dans ses déambulations nous invite à contempler cette juxtaposition, cette cohabitation impromptue au pouvoir hypnotique.
© Gaëtan Chevrier |
Juxtaposition, cohabitation tout tient en ces mots. Durant les périodes où il a vécu sur le territoire hongkongais (entre 2013 et 2017), Gaëtan Chevrier a pu non seulement intégrer pleinement ces possibilités, mais de surcroit les faire sienne.
En effet, le propos de à l’origine n’est pas de juger ou d’orienter la lecture, mais plutôt de témoigner le plus objectivement possible (si tant est que la photographie ait quoique ce soit de réellement objectif) d’une situation.
Et c’est avec surprise que le lecteur voit ces racines mordre le talus presque comme si elles le faisaient siennes. Avec un certain étonnement, il constate que les palmiers cohabitent parfaitement avec le verre, l’acier et le béton, que la végétation prend ses aises quand elle le peut.
Et on peut s’interroger, in fine, sur qui cohabite avec qui…
© Gaëtan Chevrier |
L’Homme bien entendu s’approprie ces lieux, les forge à son image consumériste et en pleine expansion. Mais qu’en serait-il si subitement il perdait cette capacité à investir de sa présence les espaces naturels ? Que deviendraient ces immeubles pachydermiques si tout à coup les humains ne pouvaient plus endiguer, éliminer la présence végétale ?
On ne fait pas de dystopie, d’uchronie en lisant un livre photographique, mais tout de même la question se pose sur les places et rôles réels des uns et des autres.
Et ce questionnement ouvre aussi une autre perspective : quelle relation, à l’avenir, devrait, devra jouer l’humanité avec le Vivant.
Chacun se forgera une opinion, ou au au moins prendra le temps d’y réfléchir. Mais en attendant, nous pouvons tous nous plonger dans cette urbanité efflorescente et suivre les pas de Gaëtan Chevrier. à l’origine sera un excellent compagnon de voyage, ainsi qu’un guide pour des lendemains peut-être plus altruistes.
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EXPOSITION
du 01/12 au 30/12, vernissage le jeudi 01/12.
Maison régionale de l’architecture des Pays de la Loire
Site de la maison régionale de l’architecture (infos et contacts sur le site)
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Site des éditions sur la crête
35€