Half Light – Loïc Seguin

Void Loïc Seguin Half Light

 

Paris fin d’une journée d’hiver, entre Belleville et Place des Fêtes, ça sent le chou dans l’escalier, l’ascenseur est en panne.

Paris et son peuple oublié, ces milliers de personnes que l’on croise, qu’on regarde sans vraiment les voir.

Paris et Loïc Seguin qui va vers eux, qui saisit ce qu’il y a à saisir : un corps, une attitude ; rien d’autre que deux personnes et un appareil photo, deux humains aux prises avec l’humanité et ses aléas.

Half Light, par Loïc Seguin, publié par Void, est une fresque de la condition humaine entre Zola et Balzac.

Nuit Paris
©Loïc Seguin

Ils sont là face à nous.

Femmes, hommes, blancs, noirs.

Ils sont là avec leurs marques, leurs cicatrices et la vie qui laisse ses traces.

Ils sont là, parce que sinon où seraient-ils ?

Dans la rue, dans des intérieurs aux relents de pension Vauquer, dans tout ces endroits que nous ne ne visitons jamais.

Inconnus.

Il y a un bouquet de fleur, un regard un peu triste, élégamment perdu, puis ce sourire qui peine à se dessiner.

On n’est pas habitué à se faire photographier, on n’est pas habitué à ce qu’on s’intéresse à nous. On n’est pas habitué à exister, semblent-ils nous dire.

Void Loïc Seguin Half Light
©Loïc Seguin

 

Half Light ressemble à une claque, de celles qu’on met aux gens quand on veut les tirer d’une torpeur étrange qui consiste à ne pas être présent à ceux qui existent, à nos frères en humanité.

Loïc Seguin par son partit pris photographique, par ses images noir et blanc, couleurs, frontales, directes, par le choix du dépouillement qu’il soit à la prise de vue, dans l’attitude des modèles, nous amène dans des espaces que nous ne côtoyons pas et qui pourtant sont là, vivants, existants, réels et concrets.

En ça, il se rapproche des écrivains du XIXème, des naturalistes, et de leur volonté d’être  » un observateur et un expérimentateur. »

altérité
©Loïc Seguin

 

Alors oui il y a des cocards, des cheveux sales et des dents en moins.

Alors oui, il y a la pauvreté et les fins de mois difficiles.

Et oui, il y a sûrement l’alcool, le RSA et des grossesses à 16 ans.

Et alors ?

C’est ça aussi la France. C’est ça aussi Paris. C’est ça aussi la nécessité que la photographie devrait avoir de documenter ce qui nous entoure.

Sans jugements.

Loïc Seguin avec Half Light montre. Il ne juge pas. Il ne cherche pas à convaincre. Chacun se fera une opinion, dont à priori le photographe n’aura que faire.

Et tant mieux.

35€

 

Instagram de Loïc Seguin

Site des éditions Void

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Frédéric MARTIN
Frédéric MARTIN

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