FEU – Linda Tuloup

 perte souvenir FEU

 

Comment dire l’indicible ? Exprimer la perte ?

Et quelle perte puisque tout était déjà
perdu ?

Avec son livre/coffret d’artiste, FEU, Linda Tuloup invente un
voyage mémoriel dans une mémoire morte. Morte de l’absence, morte des souvenirs
effacés, morte du feu qui s’éteint. Elle construit méticuleusement un voyage
insomniaque dans une nuit sans fin.

A l’ouverture du coffret doré, on trouve, enfouis,
stratifiés, un leporello intitulé La nuit est un rêve, une lettre manuscrite de
Sandrine Treiner, un film de très exactement 7’35. Pas une seconde de plus. Ni
une de moins.

Trois trésors dans une boîte à secret.

oiseau Linda Tuloup
©Linda Tuloup

Dépliant le livre on se perd dans un chemin semé de
cailloux. Sommes-nous des Petit Poucet à la recherche d’un chemin qui
n’existe pas ? Remontons-nous le sang qui traverse les veines pour
retrouver l’origine de nos vies ?

Qu’y a-t-il au bout ?

leporello
©Linda Tuloup

Une lettre. Celle d’une amie qui ne cherche ni à
réconforter, ni à soulager. Qui dit. Simplement qui dit
les moments, les doutes, les peines et la chaleur de cette nuit, de ce voyage.

Une lettre comme un jalon, encore un.

Puis vient une clé, une simple clé d’or, ouvrant sur ce qui restait jusque-là dans l’obscur : des images immobiles et pourtant tellement animées, celles d’un voyage dans la lumière de la nuit.

Des oiseaux initiaux, un chat et quelques mots d’une voix
trainante.

Une pellicule.

Une femme au bord d’un océan.

Le vent, la musique.

La nuit, encore la nuit.

Sandrine Treiner linda Tuloup quête
©Sandrine Treiner/Linda Tuploup

Il n’y a rien.

Il y a tout.

Le FEU primordial qui palpite et agite nos propres veines,
qui gonfle nos poumons, qui fait battre notre cœur. Les cendres d’un inconnu
qui fut, pourtant, celui qui nous donna la vie. 

 FEU, celui qui n’est
plus.

Linda Tuloup feu oubli mémoire père
©Linda Tuloup

Lire, regarder, comprendre ce livre, cet objet magnifique,
est un exercice de longue haleine, un parcours haletant. Parce que Linda Tuloup
non seulement s’y livre d’une façon si profondément intime qu’à chaque instant
vient la crainte de devenir le voyeur impudique d’une histoire qu’elle nous
offre avec une grâce indicible. 

Mais aussi car nous sommes les spectateurs
d’une quête, celle inachevable de retrouver, de faire ré-exister un défunt, associée à la construction d’un passé inconnu, qui n’a pas de fin. Les morts
resteront aux morts, les vivants gardant leurs doutes, leurs questions et
quelques objets fragmentaires.

Parce que c’est de ça, aussi, dont il s’agit. Comme dans tous
les voyages biographiques apparaissent les mêmes vestiges dont il faut savoir
s’emparer afin de ne pas s’effondrer, afin, peut-être, de donner un sens à ce
qui n’en a probablement pas.

Linda Tuloup FEU
©Linda Tuloup

Comment, alors, ne pas ressentir une émotion puissante face au désarroi de celle qui perd une part de ses origines, mais
aussi face au courage de révéler ça au public ?

FEU n’est disponible qu’en 20 exemplaires et tant mieux.
Chacun d’eux devenant ainsi une parcelle immortelle qui permet à Linda Tuloup
d’être la vestale de sa propre histoire.

Le feu continuera à brûler pour encore bien des années, et feu le disparu restera dans les mémoires des vivants parce que Linda en
est la gardienne reconstruite.

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Le coffret FEU est disponible en 20 exemplaires, en option une photographie 24×30 cm sur papier japonais en fibre de Kôzo, numéroté sur 6.

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Le film FEU sera visible le 05 novembre entre 17h30 et 19h au cinéma L’Entrepôt (Paris 14, métro Pernety) lors du festival Les Nuits Photo.

Programme des films diffusés lors du festival

Site de Linda Tuloup

Linda Tuloup est représentée par la galerie Olivier Waltman

 

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Frédéric MARTIN
Frédéric MARTIN

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