S’enforester – Andrea Olga Mantovani/Baptiste Morizot

 

S'enforester Andrea Olga Mantovani Baptiste Morizot

 

Paru dans la maison d’édition d’une rive à l’autre,
S’enforester de la photographe Andrea Olga Mantovani et du philosophe Baptiste
Morizot propose une lecture nouvelle et possible des rapports entre l’Homme et
le vivant à l’ère de l’anthropocène.

Ce travail
commun entre photographie et sciences humaines (qui est la ligne éditoriale de la maison
d’édition) prend sa source dans la dernière et unique forêt primaire d’Europe.

Située aux
confins de la Pologne, proche de la frontière biélorusse, la forêt de
Bialowieža reste un vestige, un témoin vivant, de ce que fût l’Europe il y a
plusieurs milliers d’années : un espace où l’espèce humaine n’était rien de
plus qu’une parmi d’autres.

C’est, de plus, un lieu où naissent des mythologies modernes, une proposition de réinventer notre rapport à l’espace forêt.

Or, que
reste-t-il de ces endroits de nos jours ?

Rien ou si
peu…

Nous avons
perdu le pouvoir de rêver la Nature. Nous avons choisi de vivre plus vite, plus
haut, en consommant toujours plus. 

Nous avons
choisi de ne plus nous enforester, de ne plus parcourir les bois.

Les photographies d’Andrea Olga Mantovani sont pourtant là pour nous
rappeler la magie des lieux, ces endroits où nous pourrions nous ensauvager ; re-naître au partage et à la coexistence avec une myriade d’êtres, de plantes, qui n’aspirent à rien d’autre que nous : vivre.

 

S'enforester Andrea Olga Mantovani Baptiste Morizot
©Andrea Olga Mantovani

Nous serions alors

Faune ou dryade.

Un rapace dans une futaie de neige.

Un arbre brisé dans le brouillard.

 Nous serions enfin dans le respect…

 

S'enforester Andrea Olga Mantovani Baptiste Morizot
©Andrea Olga Mantovani

Baptitse Morizot écrit :  » [la forêt] C’est là, c’est réel, et cela
respire […] c’est établi et ce n’est pas un problème d’opinion ou
d’idéologie. »

Le XXIème siècle semble oublier cet énoncé pourtant simple : l’Homme
n’existe pas par rapport à lui-même mais par rapport à un vivant qui
contribue à le faire vivre, qui assure la base même de son existence. S
urtout la présence de la forêt est telle que même là où les symboles les plus marqués du capitalisme sont présents, elle trouve sa place. L’humain est là, avec lui les restes du communisme, avec lui des armes. Mais l’humain peut très bien retourner à la forêt primordiale et plus que de l’exploiter éhontément en faire son refuge, sa partenaire.

Et il devrait comprendre qu’elle est primordiale pour lui : par le simple fait, par exemple, que la forêt nous sert à respirer.

S’enforester pourrait être, même si ce n’est pas son seul propos, un vrai
manuel, un guide d’écologie morale à l’usage de ceux qui ne raisonnent qu’en
terme d’exploitation, de rendement, de profit.

De tous temps l’Homme a choisi d’exploiter la nature qui l’entoure. Les
photographies d’Andrea Olga Mantovani nous le rappellent que ce soit par une
performance ou un camion de transport. Mais cette exploitation était
conjointe. 

Une cohabitation intelligente et honnête entre deux espaces, deux
logiques.

Et ce n’est plus le cas, puisque l’Europe entière a été défrichée,
débardée, détruite. Et nous nous retrouvons à l’ère de l’anthropocène avec la
catastrophe en perspective finale.

 

S’enforester, pourtant, sonne comme une note d’espoir.

Parce que la mythique forêt est belle et bien debout, protégée autant que
faire se peut.

Parce que certaines et certains ont choisi de montrer ces lieux, de les
dire.

 Et surtout de dire à quel point ils sont importants et vitaux.

 

Il faut remercier, ne serait-ce qu’en achetant l’ouvrage, les deux
auteurs pour le courage de leur propos et sa modernité.

Il faut remercier l’éditeur, Patrick Rollier, de mettre en avant des œuvres de
cette teneur.

A la toute fin : il faut redevenir un peu Sioux, Apache, un peu homme des
bois et nous aussi nous enforester. 

 

 

Prix : 48€

ISBN : 978-2-9569409-3-7

Site d’Andrea Olga Mantovani

Biographie de Baptiste Morizot

Site des éditions d’une rive à l’autre

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Frédéric MARTIN
Frédéric MARTIN

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