Les photographies d’Andrea Olga Mantovani sont pourtant là pour nous
rappeler la magie des lieux, ces endroits où nous pourrions nous ensauvager ; re-naître au partage et à la coexistence avec une myriade d’êtres, de plantes, qui n’aspirent à rien d’autre que nous : vivre.
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©Andrea Olga Mantovani |
Nous serions alors
Faune ou dryade.
Un rapace dans une futaie de neige.
Un arbre brisé dans le brouillard.
Nous serions enfin dans le respect…
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©Andrea Olga Mantovani |
Baptitse Morizot écrit : » [la forêt] C’est là, c’est réel, et cela
respire […] c’est établi et ce n’est pas un problème d’opinion ou
d’idéologie. »
Le XXIème siècle semble oublier cet énoncé pourtant simple : l’Homme
n’existe pas par rapport à lui-même mais par rapport à un vivant qui
contribue à le faire vivre, qui assure la base même de son existence. Surtout la présence de la forêt est telle que même là où les symboles les plus marqués du capitalisme sont présents, elle trouve sa place. L’humain est là, avec lui les restes du communisme, avec lui des armes. Mais l’humain peut très bien retourner à la forêt primordiale et plus que de l’exploiter éhontément en faire son refuge, sa partenaire.
Et il devrait comprendre qu’elle est primordiale pour lui : par le simple fait, par exemple, que la forêt nous sert à respirer.
S’enforester pourrait être, même si ce n’est pas son seul propos, un vrai
manuel, un guide d’écologie morale à l’usage de ceux qui ne raisonnent qu’en
terme d’exploitation, de rendement, de profit.
De tous temps l’Homme a choisi d’exploiter la nature qui l’entoure. Les
photographies d’Andrea Olga Mantovani nous le rappellent que ce soit par une
performance ou un camion de transport. Mais cette exploitation était
conjointe.
Une cohabitation intelligente et honnête entre deux espaces, deux
logiques.
Et ce n’est plus le cas, puisque l’Europe entière a été défrichée,
débardée, détruite. Et nous nous retrouvons à l’ère de l’anthropocène avec la
catastrophe en perspective finale.
S’enforester, pourtant, sonne comme une note d’espoir.
Parce que la mythique forêt est belle et bien debout, protégée autant que
faire se peut.
Parce que certaines et certains ont choisi de montrer ces lieux, de les
dire.
Et surtout de dire à quel point ils sont importants et vitaux.
Il faut remercier, ne serait-ce qu’en achetant l’ouvrage, les deux
auteurs pour le courage de leur propos et sa modernité.
Il faut remercier l’éditeur, Patrick Rollier, de mettre en avant des œuvres de
cette teneur.
A la toute fin : il faut redevenir un peu Sioux, Apache, un peu homme des
bois et nous aussi nous enforester.
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