Les vagues – Élise Toïde
Avec Les vagues, paru aux Éditions Eyd, Élise Toïde nous offre un voyage onirique et mélancolique aux confins de l’enfance et de l’âge adulte.
©Élise Toïde |
C’est la plage immense, les galets.
Les berges d’un étang, d’un lac.
Ce sont les corps changeants, les cœurs émus.
La maladresse fragile des flamants roses, un cheval dans une rue.
La voilà la mémoire des instants minuscules, si grands qu’on imagine mal les oublier.
Un baiser peut-être ; des cousines, des cousins.
Des méduses sur les plages, la tristesse de se perdre de vue.
©Élise Toïde |
Avec un regard d’une acuité exceptionnelle, Élise Toïde s’empare de cette période si délicate, si instable de la post adolescence.
Tout dans Les vagues rappelle la fugacité, la fragilité de cet instant à cheval entre l’insouciante enfantine et la gravité adulte. Il n’est pas question dans ce livre de chroniquer les vestiges de cette période : moments de boire ou cigarettes fumées en cachette, écarts ou révoltes.
Non.
C’est une autre adolescence qu’évoque la photographe : celle des doutes, des joies, celle des amours infinies et des tristesses insondables.
Celle de la douce mélancolie d’une chanson un peu triste.
©Élise Toïde |
Alors, elle nous entraîne à sa suite en ces lieux que nous avons pu fréquenter, à la rencontre de ces émotions que nous avons pu connaître, frôler.
Élise Toïde fait ici œuvre d’enquêtrice de l’intime. Le temps passe, les jeux s’achèvent, les questionnements et les doutes naissent. Sentiment universel, reliques de nos histoires personnelles : nous nous sommes aussi ennuyés, nous avons contemplé les rosiers en fleur, les dernières lueurs du soleil sur la bâtisse.
©Élise Toïde |
Les vagues est un livre dont il faut prendre le temps de s’imprégner. Peu à peu, la photographe, en témoin conscient d’une histoire achevée, nous fait plonger dans des remembrances. Et c’est, au-delà de la sensibilité extrême des images, la qualité de ce livre.
Parce que tout ici rappelle que nous fûmes adolescents.
Que nous éprouvâmes ces désarrois, ces questionnements, ces moments de latence.
Et qu’en reste-t-il ? Des impressions, des sensations qui parcourent l’âme au même titre que les photographies d’Élise Toïde nous touchent au plus profond de notre être.
©Élise Toïde |
Ils ne sont pas si fréquents les ouvrages qui parlent ainsi, avec une telle pudeur, de cette période parfois si difficile, il serait donc bien malheureux de ne pas s’attarder longuement sur celui-ci.
Les vagues est un très beau livre, d’une puissance inouïe qui offre un espace de calme, un moment d’apesanteur.
Prenons le temps d’en suivre la douce mélancolie, d’en épouser le ressac.
Demain, peut-être, nous retournerons à nos trop vives vies d’adultes, oubliant le soleil sur nos peaux et les « je t’aime » murmurés.
Mais il restera Les vagues pour nous les rappeler.