Orion – Fágio Miguel Roque
Orion, son dernier ouvrage, paru aux Editions Bessard, dans la collection L’Atelier Risographique, ne déroge pas à la règle.
©Fábio Miguel Roque |
Orion, s’il n’en est pas une suite au sens strict, poursuit tout de même le travail initié avec l’ouvrage précédent Everything Lay Still (paru chez 89books – voir chronique à son sujet sur le blog) par le photographe.
Le monde qui l’entoure est son lieu d’enquête, de recherche. Il voyage dans son passé immédiat qui devient présent, immanquablement naît un futur qu’il faut appréhender ici et maintenant.
A cette prémisse, Fábio Miguel Roque, ajoute à chaque ouvrage sa propre constellation intérieure ; ici c’est Orion, ce géant aveugle, qui sert de guide.
©Fábio Miguel Roque |
Et quelle est la réalité des choses ?
Leur véracité ?
L’amour ?
La mort ?
La vie ?
Le désir ?
Au gré des pages, des images nous perdons peu à peu nos repères, nos habitudes rassurantes. Nous nous aveuglons à la lumière d’un présent trop brillant, nous perdons les traces de nos chasses.
Un chien, un corps de femme. L’océan et des ruines. Un bouquet et le désir de la chair.
Chaque image est un instant en soi, un fragment que l’on ne peut dater, que l’on ne peut estimer.
Un instant comme une proie que le Temps découpe.
©Fábio Miguel Roque |
Chez Fábio Miguel Roque les photographies laissent place, toujours, à l’interrogation. Parce que ce que nous voyons, nous le connaissons, scènes classiques, presque banales. Mais, et c’est peut-être ce qui défini le mieux l’idée du vertige qui pourrait être dû à notre aveuglement, ces moments de banalités à l’air de « déjà-vu » sont-ils aussi évidents ?
Sont-ils aussi simples ?
Est-ce que le corps est bien celui que l’on voit ou une proposition de corps qui peut se modifier ?
Par le passage du temps par exemple ou par l’effacement de la mémoire.
Est-ce que le monde est monde ou bien une construction du monde.
©Fábio Miguel Roque |
Il y a presque une proposition ontologique dans les photographies d’Orion.
D’abord, parce que le choix du mythe nous amène à réfléchir à notre cécité, à minima à notre regard peut-être normatif, sur les choses.
Ensuite parce que l’auteur dans la douceur calme de ses images soulève parfois brutalement le voile du déroulé temporel : un crâne rappelle notre finitude et nous projette dans ce futur qui est le lot de tous.
Il y a peu de photographes qui s’interrogent aussi régulièrement, avec une telle opiniâtreté, sur le sens de nos existences. Le travail de Fábio Miguel Roque, son œuvre, prend son sens, se construit pas à pas, seconde par seconde, livre par livre.
Toujours d’une manière magnifique et puissante.
©Fábio Miguel Roque |
De celle-ci nous pouvons dégager en toute utilité une philosophie de l’existence : interrogeons nos heures.
Regardons alentour.
Doutons.
Et vivons, parce que c’est la plus belle des choses à faire.
Enfin, remercions Fábio Miguel Roque de nous livrer de si beaux livres.