reliqua desiderantur – Benoît Méjean
Le monde a vacillé. Après la fin, il ne reste plus rien. Même plus la possibilité de dire, d’exprimer. Quant à comprendre…
Alors, le détective privé d’enquête doit fouiller comme il le pourra, pour (se) chercher, (se) trouver.
Par la photographie, peut-être ?
reliqua desiderantur de Benoît Méjean, paru chez Arnaud Bizalion Éditeur, est un petit livre précieux, un fragment de Soi à lire avec précaution tant sa fragilité émeut.
©Benoit Méjean |
Un Être, une sœur, décide de mettre fin à ses jours.
Pourquoi ? Pas de mots, pas de lettres. L’absente emporte avec elle ses motivations.
Naît la sidération, celle qui empêche, qui interdit : de parler, d’écrire, de dessiner, et tant d’autres choses.
Pourquoi ?
Pourquoi ?
Pourquoi ?
Benoît Méjean va partir en quête de réponses, de raisons. Va partir en quête d’Elle, de Lui.
©Benoit Méjean |
Tout est là qui rappelle la chute, une fenêtre ouverte, un œuf à la coquille brisée, éclats épars.
Mais tout invite aussi à l’introspection. Qui était-elle ? Qui suis-je moi le frère orphelin ? Qui sommes-nous face au drame ?
On marche et des traces de pas nous invitent.
Un rocher répété ; des tuyaux étranges enfermés comme nos cauchemars.
Des fragments, tous comme un puzzle.
Le Soi, le cœur du Soi, qu’il faut retrouver, réagencer, reconnecter.
Et la Sœur partout présente, encore.
©Benoit Méjean |
On finit par se perdre dans les images de reliqua desiderantur, parce que cette enquête est un labyrinthe, aux méandres confus.
Bien sûr, il y a quelques phrases issues des rapports de police, du légiste, à la prose étrangement surannée, mais à quoi servent-elles ; comment comprendre ? Comment se comprendre ?
L’errement-l’errance amènent à l’introspection, à la connaissance de Soi, à défaut peut-être de trouver des réponses.
Benoît Méjean, avec ce livre, signe un travail remarquable. A tout moment l’équilibre instable, le vertige menacent. Nous sommes, en sa compagnie, au bord de la chute, toutefois chaque pas nous rapproche d’un point où l’on reprend pieds.
©Benoit Méjean |
Il y aura peut-être des lumières dans les ténèbres, de la joie au tréfond de la tristesse. Parce que Benoît « s’enquête », fait un séjour au cœur de son intime, il en sera de plus en plus proche.
Il est toujours difficile de dire et peut-être encore plus de se dire. Nous ne nous connaissons pas si bien que ça et il faut une force de caractère exceptionnelle pour oser s’approcher de nos plaies les plus vives.
Benoît Méjean y arrive de la plus belle manière qui soit avec reliqua desiderantur.
Et même s’il n’a pas toutes les réponses à ses questions, même si il ne saura jamais vraiment, l’enquêteur aura su par ses photographies se retrouver et retrouver un langage.
Site d’Arnaud Bizalion Éditeur