Vénus – Où nous mènent les étreintes – Linda Tuloup
Le désir est roi, le désir est là à chaque repli de la peau, dans les regards, sous les futaies des hautes forêts.
Le désir, surtout, est un conte que l’on se murmure dans l’opaque des nuits. C’est ce que semble nous dire Vénus – Où nous mènent les étreintes de Linda Tuloup paru chez Bergger éditions. En écho aux photographies, un texte de Yannick Haenel évoque d’instant en instant la montée de celui-ci, son accomplissement.
©Linda Tuloup |
Elle est là, elle est là la femme-louve belle et désirée. Au creux des forêts quand monte dans le matin le brouillard, elle se pare des vêtures de l’aube.
Vénus est sortie de l’écume, mais aussi bien de la brume.
C’est elle aussi que nous retrouvons sur le lit aux barreaux d’acier, dans la chambre aux murs gris et sales comme une insulte à sa fraîcheur, à sa vie.
C’est elle encore dans le pétillement des lumières, derrière le masque de biche. Elle est là partout, nulle part, saisissable quand elle s’offre, insaisissable au commun.
©Linda Tuloup |
On pourrait convoquer, peut-être, Verlaine et son « rêve étrange et pénétrant ». Parce que Vénus-la femme est toutes les femmes, parce que Vénus évoque et suscite le désir, mais aussi une liberté immense.
Ou pourrait, peut-être, rappeler A une passante de Baudelaire, tant le souvenir de ce qu’est Vénus marque les esprits, laisse une trace indélébile.
Mais, par ce livre, Linda Tuloup, au-delà de ce très bel hommage au désir que le texte de Yannick Haenel sublime, offre aussi un conte merveilleux et étrange autour de la liberté.
©Yannick Haennel |
Vénus/Aphrodite, si elles suscitent l’envie, sont aussi des déesses-femmes libres, affirmées dans leurs féminités et leurs indépendances. Vénus – Où nous mènent les étreintes peut, je pense, se lire aussi comme une proposition : il faut accepter de ne pas avoir de prise. Respecter les temps de repos, d’éloignements salutaires qui marquent ces histoires, ces amours éphémères ou plus longues.
Parfois temporalisées, parfois non, les photographies de Linda ouvrent un écart : son propos intéresse l’instant, mais aussi bien un espace hors du temps, celui des époques immémoriales et païennes, des femmes druides, déesses, sorcières. Et au final, le corps, le cœur et l’âme appartiennent toujours à ces femmes, et ils seraient malvenu de considérer que nous avons le moindre droit sur eux.
©Linda Tuloup |
Vénus – Où nous mènent les étreintes se referme difficilement après un songe lent. On souhaite ardemment trouver, rejoindre ces lieux, croiser La Femme, lui offrir simplement un sourire avant que de la regarder danser et fuir…