Cinquième livre d’artiste proposé par la maison d’édition ONiva, La femme floue de Gaëlle Doutre est un petit objet délicat et touchant oscillant entre photographie et poésie.
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©Gaëlle Doutre |
Il y a cette femme qui se photographie, qui ne fait pas de selfies mais des selflous.
Des textes de forme poétique anciens ou récents.
Et des rêves inachevés, un accomplissement à trouver, des chemins à parcourir, une présence à Soi à (re)gagner.
Une femme qui tente, peut-être, de s’habiter par les mots et l’image.
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©Gaëlle Doutre |
Commence alors la quête : la photo et les mots amènent à se rencontrer, se connaître, s’apprivoiser, se joindre.
S’aimer ?
Le visage est flou, le corps morcelé.
Un château en arrière-plan, l’océan.
Sereine, un demi sourire apaisé.
Des mains, ses mains. Des jambes, ses jambes. Tout se noie dans la torpeur de l’image morcelée.
Et les textes pour combattre les maux.
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©Gaëlle Doutre |
» Je n’avais que des bouts d’elle. »
» La peau emportée.
Il n’a pas le monopole du désir. »
» parfois
elle
ne
décolère
pas «
Tout est là. Tout.
Une vie en fragments qu’il faut reconstruire, apprivoiser. Un tournant, un milieu de vie.
La femme floue est un ouvrage de questionnement. Par ce travail Gaëlle Doutre nous amène, nous invite à sa suite pour parcourir cette existence qu’elle réenchante. Mais voilà, les mots, parfois, sont bien insuffisants, l’image aussi.
Par l’association des deux, l’auteure créée un nouvel espace, comme un décalage où s’insérer afin de faire une mise au clair.
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©Gaëlle Doutre |
Ce livre paraît une vaste interrogation, un questionnement profond. Qui suis-je ? Mais au-delà de cette question que nous nous posons tous à un moment donné, qui sont-ils ceux que nous côtoyons ? Quelle place ? Quels espaces occupent-ils dans notre espace ?
Les racines, les ancrages ne sont pas là, ne sont plus là ; arrivé à un certain âge, le retour en arrière ou l’évidence de regarder en soi invite, parfois de façon brutale, parfois plus douce, à tenter de s’enraciner, de fonder une dignité nouvelle. C’est, il me semble, une tentative de réponse possible à une crise de milieu d’Être.
Le selfllou, la poésie sonnent comme des expressions originales pour redonner corps, chairs, mots à une disparition lente et silencieuse.
La femme floue c’est Gaëlle bien entendu, mais c’est aussi vous ou moi en ces moments de nos existences où les choses ne sont plus ce que nous les pensions, en ces jours de doutes ou de brouillard.
Avec ce beau carnet d’artiste, Gaëlle Doutre et les éditions ONiva signent un objet aussi intéressant que questionnant.
Le lire c’est peut-être, peu à peu, accepter qui nous sommes par la magie du selflou et du verbe, sans toutefois savoir qui l’on est réellement.
Une proposition ? Ou plus surement une invitation…
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