Prémisses – Dominique Mérigard
Prémisses par Dominique Mérigard, paru chez Filigranes Editions, tient tout à la fois de l’autobiographie, du voyage intime, mais aussi de la quintessence de la photographie d’enfances.
C’est dire la complexité de ce livre délicat et fragile semblable aux polaroïds qui le composent.
©Dominique Mérigard |
L’enfant est née, l’enfant a grandi. Parce que c’est bien la seule proposition que la vie nous fasse avec certitude : les enfants grandiront, changeront et nous quitteront.
Mais avant ce départ, il y a des heures et des jours de bonheur, des séjours dans des étés infinis, des voyages inimaginables et immenses.
Elle joue, on joue, avec les ombres, les bâtonnets du mikado.
Des baignades, piscines, océan, l’eau toujours et encore comme un mouvement dans lequel on se retrouve, on s’apprivoise, on s’aime, après une trop longue année scolaire.
C’est le temps des insouciances, des voyages, des déguisements et du soleil.
La lumière, sans cesse la lumière.
©Dominique Mérigard |
Dominique Mérigard avec Prémisses nous invite à une réflexion sur ce qu’est l’enfance, mais plus avant sur des propositions plus profondes : qu’est-ce qu’être père, et plus généralement que peut-on retenir de manière universelle de cette période ?
Il n’y a bien entendu pas de réponses absolues, ni même de certitudes.
Mais force est de constater qu’à travers les couleurs si particulières de quinze ans de polaroïds chacun retrouvera non seulement des éléments de sa propre enfance et, pour peu qu’il ait des enfants, des éléments de ce qui fait la parentalité.
Une part non négligeable de nos enfances sont contenues dans ces images : nos jeux, nos joies, et cette absence de doutes.
Dominique a choisi avec justesse de s’arrêter aux portes de l’adolescence, parce qu’ensuite son enfant n’est plus une enfant. Et la magie n’opère plus.
Bien des parents le savent…
©Dominique Mérigard |
Alors, Prémisses est-il un ouvrage sur la perte, éventuellement les regrets inhérents à, ou au contraire un temps retrouvé, presque proustien où chaque photographie amène à une rêverie, un voyage intérieur mais universel ?
Peut-être que chacun, justement, y verra ce qu’il veut, ce dont il a besoin dans la construction de son imaginaire.
©Dominique Mérigard |
Bien entendu, la nostalgie teintée de mélancolie est inévitable quand on voit l’enfant avec le chat ou le salon de jardin qui attend sagement les goûters joyeux et volubiles.
Mais, pas de nostalgie dans ces images quand vient l’heure de retricoter nos propres enfances et celles de nos enfants.
Prémisses est donc un ouvrage rare et précieux.
Parce que la multitude d’interprétation des images, parce que le temps suspendu éternellement qu’il évoque, ouvrent et offrent une réflexion profonde.
Et l’été qui arrive, ses séjours balnéaires, ses jeux et le soleil couchant sont autant de moments que le lecteur, que le photographe pourra saisir pour quelques nuits d’hiver à venir.
Pour le souvenir.
Pour le bonheur.
Pour l’amour de ses enfants et de nos enfances.