canicule – Laurent Reyes
Petit livre dense, le photographe témoigne d’une vie où la chaleur s’inscrit en filigrane.
Chaleur des corps, des amitiés ; chaleur éprouvante des jours de canicule que Pline l’Ancien attribuait à l’étoile Sirius ; chaleur de cette rage de tout vivre, tout goûter, tout ressentir.
©Laurent Reyes |
« Et s’il ne se passait rien ? » s’interroge Laurent, écho espéré à la phrase de Houellebecq » Dans la vie tout peut arriver, mais surtout rien. »
Et de fait, il ne se passe rien, rien n’arrive, mais tout est là, surgissement constant. Une infinité de toutes petites choses, de particules chaudes.
Les hortensias fleurissent dans une fuite rouge, Aloha sur le tableau de bord, on joue à la console, on tire des traces, les bouts de verre ressemblent à autant de petits trips.
Les corps sont nus dans la chaleur lourde d’un été infini.
Sexe, drogue, rock’n’roll, et les punks seront bien gardés.
©Laurent Reyes |
La chaleur obsède, la chaleur enrobe, la chaleur est lourde de tout.
Et comme le dit Laurent Reyes « J’imaginais moi aussi que ma canicule allait naturellement se dissiper vers mes trente ans. » A priori, Laurent est photographe, mais pour la voyance c’est raté.
Alors, il nous offre, nous balance, nous livre ces images sans souci de forme, couleur ou noir et blanc, argentique, autre, qu’importe, il faut tout nous donner, tout.
Parce que c’est la vie, sa vie qui s’inscrit dans l’ouvrage. Todo esta aqui.
On pourra bien crever après ça, on s’en fout. Parce qu’il y a les amis, les potes, des heures d’enfance à protéger les cabanes, parce qu’il y a, pas très loin, Kerouac, Bukowski et Baudelaire.
©Laurent Reyes |
Canicule est une invitation, par-delà la chronique d’une existence. Prenons un instant la tangente, et merde à nos peurs, nos doutes.
Dans le matin le café a éclaboussé le sol, les fleurs sont presque fanées dans la portière, mais bon sang ça respire, ça vibre, ça bouge.
Nous aussi nous sommes là, entier, avec Laurent Reyes.
Ca fait un bien fou de secouer un peu la torpeur, de sentir l’incandescence sur nos peaux. Et de rien nous faisons tout.
©Laurent Reyes |
« pour que
l’hallucination
s’installe
et que le rêve de
réalité devienne la
réalité même »
Tout est miroir. Et il faut traverser pour (se) trouver.
Ou lire Canicule.
Ou prendre la route, rejoindre nos confrères, nos consœurs, sans espérer un seul instant que les températures ne baissent.
Il est bon de vivre, pleinement. Et de s’enfouir dans les replis de la canicule.
Site d’Arnaud Bizalion Edditeur