Le pavé parisien – Olivier Marchesi
Sous-titré Nous retrouverons les jours heureux, phrase prononcée par le président Macron durant le confinement, Le pavé parisien est une quête poétique, un voyage dans une ville monde bien vivante.
©Olivier Marchesi |
La ville est là devant les yeux du photographe. Des rues, des hommes, des femmes, des enfants. Un grouillement incessant ; une vie qui ne cesse de vivre, qui s’agite et remue, qui bouillonne.
Notre-Dame brûle et plus loin c’est une voiture de police embrasée.
La colère du peuple qui se déverse. Jaune, le monde est jaune des gilets et blanc des gaz lacrymogènes.
Les CRS attendent féroces et font face à la fureur.
Paris se révolte encore une fois.
©Olivier Marchesi |
Un peu plus tard nous serons assis le long du canal Saint-Martin dans les rayons de soleil d’un printemps plein d’espoirs. Nous sommes enfin libres, après que les rues furent vidées par une menace si invisible que nous ne savions pas la contenir.
Nous étions en guerre paraît-il… Mais une guerre sans ennemi n’est pas une guerre, et déjà nous marchons bras dessus, bras dessous, gueulant nos je t’aime sur les murs.
Il y a de la joie, de l’amour et de l’espoir.
©Olivier Marchesi |
Et Paris reste Paris. Métropole, nécropole, nous y vivons, nous y mourrons.
Des sans-papiers sous des toiles de tente si fines dans les bourrasques de neige ; des jeunes, des vieux, des sourires, visages fermés et des poignées de mains.
Nous sommes vivants semble nous dire Olivier Marchesi. Nous sommes vivants, en lutte, à Bastille, à République, partout.
Nous sommes vivants même quand des tuyaux transpercent nos corps, que la maladie ronge nos poumons.
Nous sommes vivants parce qu’on refuse l’assassinat raciste de notre ami américain.
Nous sommes vivants et nous voulons le croire.
©Olivier Marchesi |
Le pavé parisien est un livre qui, au-delà de sa beauté formelle, invite tout à la fois à la contemplation, à la réflexion et à l’espoir.
Olivier Marchesi sait saisir ces instants où l’Homme n’est plus que lui, sans masques, sans fards. Et au détour d’une page, entre deux images de lutte, la poésie s’invite contrepoint salvateur à la dureté des temps.
Avec cet ouvrage, nous pouvons nous interroger sur ces cinq années étranges que nous venons de vivre. Sont-elles un passage un peu difficile ? Les prémices de quelque chose de plus dramatique ?
Personne ne sait, mais nous sommes en droit de nous poser la question…
Quant aux jours heureux, les avons-nous retrouvés ?
©Olivier Marchesi |
Mais, à la toute fin, ce qui est sûr, c’est que ce furent des jours de joies et de peines, de fureur et de douceur.
Ce furent des jours où le photographe a perçu la vie de la ville, comme un mouvement immuable, marée sans cesse renouvelée.
Ce furent des jours inertes et alertes.
Ce furent des jours qu’il ne fallait pas oublier.
Le livre est accompagné d’un texte de Fabien Ribéry (L’intervalle).
Les photographies d’Olivier Marchesi sont exposées à l’atelier l’Oeil Vert jusqu’au 02 juillet.