25 Boulevard Beaumarchais – Carole Bellaïche
Ce vers pourrait tout autant s’accorder avec l’ouvrage de Carole Bellaïche, 25 Boulevard Beaumarchais, paru chez [Revelatœr].
Il y a dans ce livre toutes les réminiscences d’un temps béni, l’autrefois, celui qui vit la perte du paradis et la naissance d’une immense portraitiste. Comme un conte tout à la fois merveilleux et tragique.
©Carole Bellaïche |
L’appartement situé 25 boulevard Beaumarchais, Paris, c’est le « fief » qu’évoque Carole Bellaïche dans un texte initial très touchant.
C’est un royaume fait de lumières, d’ombres légères et denses, de chaleur et de fleurs. Un domaine de jeunes actrices, d’acteurs et de poètes.
Un monde immense et parfois tendrement irréel.
C’est là que la photographe va faire ses premières armes, soutenue, aidée, guidée par Dominique Issermann.
C’est aussi l’endroit qu’il faudra quitter très vite, trop vite, en 1990. Sans espoirs de retour.
©Carole Bellaïche |
Carole a 14, 15, 16 ans. Elle photographie comme on respire : vite, lentement, dans un souffle. Déjà se dessine ce qui fait son travail : douceur, tendresse et la Beauté en filigrane.
Carole aborde des inconnues qui deviennent ses modèles.
Carole fait poser Emmanuelle Béart, Julie Delpy, Jacques Bonnaffé.
Carole nous offre Aurore Clément, Francis Huster rêveurs, CharlElie presqu’amoureux.
Et tant d’autres.
Carole fait ses armes de portraitiste, crée un univers, le sien, dans cet espace si cher.
©Carole Bellaïche |
Mais, il serait dommage, réducteur même, de limiter 25 Boulevard Beaumarchais à une liste de portraits quand bien même sont-ils ceux de stars, quand bien même sont-ils somptueux.
Parce qu’il y a dans le travail de la photographe quelque chose de plus profond, vibrant. Cet appartement, ce royaume, c’est aussi là où elle nous offre ce qu’elle a de plus intime.
Le Paradis a été perdu (mais l’est-il réellement ? Nous pouvons en douter face aux images et à leur pouvoir évocateur), mais il ne peut s’oublier.
Et la photographe nous guide dans ce lieu comme si elle nous offrait de lire aussi en elle.
©Carole Bellaïche |
Des portes à peine ouvertes, des moulures ; un peu plus loin un lustre aux pampilles de cristal, juste avant la porte ouvrant sur la cuisine.
Le père assis, regard un peu perdu, mais le visage doucement serein.
Carole a aimé ces lieux, follement et nous les offre.
Pas comme un témoignage, nous sommes bien au-delà.
Pas, non plus, comme un hommage, l’intuition du sacré se mêle ici au profane et il n’y a pas d’oubli.
Non, c’est un journal intime, un voyage dans un cœur tout à la fois meurtri et apaisé.
Apaisé d’avoir découvert la douceur et la joie.
D’avoir aimé.
D’avoir touché au sublime.
©Carole Bellaïche |
Il faut se laisser guider par Carole Bellaïche le long des couloirs du 25 boulevard Beaumarchais. L’entendre dialoguer avec les acteurs, les actrices. La suivre sur le parquet qui craque légèrement, dans une fin d’après-midi automnale.
Mais, restons silencieux sous peine de dissiper la magie.
Dans la lumière douce d’une fenêtre contemplons cette adolescente heureuse de faire ce qu’elle aime, gardienne de l’éternité.
Laissons-la passer de pièce en pièce, parcourons ce journal du temps d’avant.
Puis il faudra le clore, à regret, mais garder un morceau d’Infini au cœur
Site de Carole Bellaïche
Site des éditions [Revelatœr]