Il y a le désert, des ombres brûlantes.

Le souffle acide de la bombe et des interrogations. Un soleil dans une fleur.

H par Grégory Dargent, paru chez Saturne éditions, est un éclat. Une lumière intérieure dans le dénuement des étendues de sable.

Dans la désolation des cœurs oubliés.

©Grégory Dargent

Grégory est parti un jour. Vers ce Sahara algérien lieu des essais nucléaires français. Epoque étrange où les opérations militaires portent le nom de petits rongeurs. Comme si les nommer ainsi atténuait la vanité du geste.

Qu’importe.

Il est parti à la recherche de trace. 60 ans plus tard.

Mais quelles traces ?

Le temps a tout effacé, laissant un abîme de vide, des corps errants dans la lumière blanche, des jardins fleuris, peut-être. Et voici que cette errance, ces trois voyages, se transforment en quête.

Quête du sens, quête de Soi.

Quête de Vie là où naissait ce qui donnait la Mort.

Les souvenirs viennent au fur et à mesure que les pas du photographe foulent la terre, les sols arides. Toujours dans l’illusion de l’éclair aveuglant de l’explosion.  Et dans le secret de son âme, de sa solitude.

Au gré des pages : des réminiscences.

©Grégory Dargent

Fantômes, soleils, ruines. Enfants jouant dans l’ombre, presque effrayés de pouvoir encore le faire. Il y a ces fêtes silencieuses, un vieil homme au visage d’ombre, et un taxi qui ne va nulle part. Ou partout.

A chaque éclat de lumière, on se prend à penser que les bombes dispersaient aux quatre vents des particules délétères que portent les corps maintenant, génération après génération.

Comme Grégory Dargent porte son histoire.

©Grégory Dargent

H est un livre de vie et de mort, une respiration haletante. Dans un café où les hommes bavardent, à l’horizon d’une nuit trop noire, derrière des grillages sous la voûte d’un ciel boursouflé de nuages, on inspire difficilement.

L’air est saturé de poussières, mais Grégory poursuit sa route, imperturbable, seul.

Chargé de tant de passés.

©Grégory Dargent

Il faut lire H.

Le relire. S’imprégner de l’histoire d’un homme pour accéder à l’Histoire des Hommes. Comprendre un destin et une volonté pour suivre la sclérose du Temps.

Il faut, aussi, s’arrêter dans ce désert immense, pour parler à ces gens, ceux-là même qu’on oublie maintenant que nous n’avons plus besoin d’eux.

Ecouter leurs récits, leurs affres.

Ecouter leurs joies, leurs peines.

Pour enfin comprendre l’universel dans les images de Grégory Dargent.

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