Lune Rouge et autres animaux familiers – Dolorès Marat

 

Est-ce nos vies, ce gorille albinos encagé, langue
pendante,
au regard triste et interrogateur ?


Lune rouge et autres animaux familiers
par Dolorès Marat, paru aux éditions Fario, est de ces livres qu’il faut prendre le temps de lire pour en comprendre la richesse et la complexité.
Il y a, comme toujours chez cette
photographe, d’abord le choc des images. Ces photographies presque
monochromes aux noirs profonds. Une explosion qui happe le lecteur.
L’emporte dans un monde aux dimensions inouïes.
Puis les sujets se révèlent.
le chien seul dolorès marat chronique de livre photo
©Dolorès Marat
 
 
Des animaux ici. Seuls bien souvent. Dans des zoos,
dans la rue. Des animaux
que nous croisons,
avons croisé au moins une
fois. Zoos, ménageries de cirque, chats et chiens.
Compagnons mélancoliques et familiers
qui nous attendent ou sont censés nous divertir.
Prétextes
futiles ?

Peu à peu l’Homme
fait son apparition. Lui aussi paraît
seul.

Seul adossé à sa palissade.

Seul dans le
désert égyptien écrasé par des pyramides immémoriales. Seul.

Même dans ces foules rouges aux teintes de Révolution apocalyptique.

Enfin, il y a les flots. Tourbillonnants, nuages d’orage en devenir, bouillonnements. Nous les contemplons à la jumelle, fascinés
peut-être. Nous luttons pour nous en extraire. Mais l’eau, la mer toujours recommencée, est là pour nous
rappeler que nous ne sommes que fétu dans un monde immense.

 

le canot dolorès Marat éditions fario lune rouge
©Dolorès Marat
 
 
La vie est un cirque mélancolique semble nous dire Dolorès Marat. Et les
animaux, toujours, nous
rappellent
notre humaine condition. Parce qu’ici, l’Homme ne paraît, finalement, pas avoir
plus
d’importance que l’Eléphant
ou
le Chimpanzé.  
Ils sont tristes, aussi, les animaux de Dolorès Marat. Ou peut-être
plutôt attentifs et méditatifs ? Qui sait à quoi songe
le marabout ? Qui sait ce que veut le chimpanzé ? La liberté
? Un ailleurs qu’il n’a pas connu
? Qu’il ne connaîtra
peut-être jamais.
Il n’y a pas de liberté.
Ou alors, une illusion de celle-ci que traversent des éclairs violets,
des silhouettes floues et une lune rouge au firmament d’une nuit trop sombre.
Dolorès Marat Lune rouge et autres animaux familiers
©Dolorès Marat

 

Lune rouge et autres animaux
familiers
poursuit une forme d’exploration du monde dans la même veine que les précédents ouvrages de la
photographe.
Qu’elle explore New-York ou photographie les limites, elle s’attache toujours à ces
détails, cette sensation de solitude mélancolique. C’est ce qui fait la très grande
force, pour ne pas dire la magie de son travail. Parce qu’à travers
chaque image, chaque
instant, à travers ces animaux, nos frères en solitude, le lecteur se
retrouve plongé dans l’absurde de la condition humaine.
Camus aurait choisi la révolte, l’amour.
Il y a de l’amour
chez Dolorès Marat.
Et la douce sensation que nous devrions reconsidérer nos rapports
au vivant, avant que le monde ne soit
balayé par les flots.
Lire
Lune rouge et autres
animaux familiers,
c’est s’interroger sur ce que nous voulons. Chacun
y trouvera sa propre réponse.
Chacun se définira. Mais tous nous devrions, enfin,
lever les yeux et attendre que la lune nous accueille.
Respecter notre frère animal.
Puis recommencer. Encore et encore.

Site de Dolorès Marat

Dolorès Marat est représentée par Louis’ Dimension Gallery
Site des éditions fario
Tous mes remerciements vont à La galerie Louis Dimension et à Dolorès Marat pour le prêt des photos illustrant cette chronique.
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Frédéric MARTIN
Frédéric MARTIN

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