Melancholia – Fabrice Thomasseau
Melancholia par Fabrice Thomasseau paru aux éditions Le Mulet donne la dimension d’un monde au bord du gouffre.
« Eviter à tout prix le contact. »
Les Hommes errent dans des trains, évitant de frotter leurs peaux, leurs os tandis que dehors il ne reste que les reliques des œuvres humaines en décomposition.
« Peu après, les deux loups sont descendus. »
Nous sommes des proies, des vestiges condamnés à errer sur une terre bardée de pylônes d’acier, de silos.
La vie disparaîtra.
©Fabrice Thomasseau |
Accompagné par un texte somptueux de Patrick Breton, Melancholia est un ouvrage dystopique.
Un ouvrage sur l’absurde de la condition humaine dans un monde en déréliction.
©Fabrice Thomasseau |
Les fantômes se heurtent aux tours des centrales nucléaires.
Les autoroutes courent vers un infini insécure.
Les corps sont là, gisants, bouches ouvertes sur un dernier cri silencieux.
Nous ne sommes pas morts, mais nous sommes les derniers survivants et la Terre, bientôt, ne sera plus qu’un immense champ de ruines aux villes désertes.
Nous ne sommes pas morts mais nous cherchons à nous éviter pour ne pas souffrir.
Nous ne sommes pas morts, mais dehors, des tricycliques gisent, les immeubles s’effondrent, les hommes sont armés.
©Fabrice Thomasseau |
A lire Mélancholia on ne peut que songer aux grands romans dystopiques du XXème siècle : Ravage, 1984, ou Je suis une légende.
On ne peut, surtout, que penser au film éponyme de Lars Von Trier et sa force évocatrice. Il y a ici, dans ces photos, tout ce qui fait la force de cet étrange paradigme : l’Homme chéri une Terre qu’il s’acharne pourtant à détruire.
Et dans le silence des images apparaît peu à peu cette immense tristesse, cette lassitude « d’être », qui nous amène pas à pas vers un gouffre infini.
©Fabrice Thomasseau |
Que restera-t-il ? Nul ne le sait.
Des traces infimes.
Des cathédrales de rouille.
Des corps endormis dans le plus profond silence.
©Fabrice Thomasseau |
Lire Mélancholia c’est accepter de faire un voyage dans un futur où nous ne serons peut-être plus rien.
Poussière nous étions.
Lire Mélancholia c’est accepter que nous ne sommes après tout que de passage et que nos ambitions sont futiles.
Tout comme nos joies.
Nos peines.
Nos espoirs.
Il reste, pourtant, tout comme les images, les couleurs subtiles de nos présences.
La douceur d’être.
Et un livre d’une beauté glaçante.