Parages – Noémi Pujol
L’univers de Parages, par Noémi Pujol, paru chez Arnaud Bizalion Editeur est un espace d’incertain.
Page à page, un monde gris aux contours indistincts s’offre à nous.
©Noémi Pujol |
Le Havre 2015.
Paris 2017.
Lisbonne 2014.
Sur une page de gauche immense de blanc ces simples indications de localisation. Un lieu-une date. Toujours.
Puis, le regard s’échappe vers la page de droite. Des espaces aux formes floues, inaccessibles à celui qui ne veut pas se libérer de ce qu’il voit.
Ruelles et silhouettes hâtives.
Escaliers de fer forgé.
Vieille ferme peut-être abandonnée.
©Noémi Pujol |
Il importe assez peu, finalement, de savoir où et quand nous sommes. Ici ou ailleurs viennent les bordures du temps et de la vie.
Dans les Parages de l’Univers.
Le livre de Noémi Pujol n’offre pas prise au réel. Chacun y trouvera ce qu’il vient y chercher. Des souvenirs d’enfance peut-être, des moments d’oublis. Mais, avant tout il y puisera une mélancolie incertaine.
Comme un moment où l’on s’approche de la réminiscence avant que celle-ci ne s’évade.
©Noémi Pujol |
©Noémi Pujol |
Avec Parages vient aussi le questionnement sur la place du photographe.
Est-il ici Voyant, au sens rimbaldien, témoin, passeur ?
Le choix de lieux en bordure, ces silhouettes souvent indistinctes nous ramène à l’idée que la photo n’est jamais un simple témoignage. Encore moins dans ce livre.
Noémi Pujol voyage dans les entre-mondes, glane les vies, les gens, les moments, nous les livre avec ces images grises, picturales.
Elle est, peut-être, tout à la fois guide, gardienne et Pythie.
©Noémi Pujol |
Pourtant, tout s’achève, même la mélancolie, mais les images sont là collées à l’âme.
L’été s’achève, bientôt il va faire froid. La nuit garnira le monde. Et dans les heures les plus courtes, il sera alors temps de reprendre corps avec ces Parages, de les parcourir.
Encore et encore.
Parce que certains livres ne peuvent s’oublier et que celui-ci sera alors indispensable.