Quiets – Marie Bienaimé et Jean-Christophe Pagès
Puis tout s’est arrêté.
Comme ça. D’un coup.
Et le monde est devenu immobile.
©Marie Bienaimé |
Quiets par Marie Bienaimé et Jean-Christophe Pagès, publié chez Corridor Eléphant, naît à la suite de cette étrange période des confinements, d’épidémie.
Composé de photographies de Marie et de textes à valeur poétique de Jean-Christophe, il interroge sur ces moments de vertiges qui ont pu être ceux des auteurs, les nôtres et qu’il a fallu vivre sans les comprendre, peut-être.
©Marie Bienaimé |
La mer est là, les enfants pirouettent, le nouveau-né va ouvrir ce regard émerveillé sur un univers à conquérir.
Le temps est suspendu aux goûters, aux vagues immobiles, aux jeux inconséquents.
Immobile et tranquille
Et puis, les heures basculent, s’allongent. Les cœurs, les corps et les âmes sifflent.
On se terre, on s’altère aux informations trop nombreuses, trop violentes.
Le cirque a fermé ses portes, clos le chapiteau, les clowns sont au chômage.
Une fois, deux fois, trois fois.
La ronde des enfants n’y voit plus rien, les yeux embourbés de chassie.
On ne connaît plus son frère, son père, sa mère, sa sœur.
On ne bouge plus.
©Marie Bienaimé |
Puis on ressort.
On re-rentre.
On voudrait que le vent cesse, que le monde se redresse.
« Ca sifflait déjà moins, mais c’était bouché. » (Jean-Christophe Pagès)
©Marie Bienaimé |
Quiets est un livre de quiétude, d’intranquillité et d’amour.
Le travail photographique de Marie Bienaimé, les textes de Jean-Christophe Pagès se répondent, échos de ces jours bizarres.
Mais, derrière le constat des jours trop longs, des doutes et des peurs transparaît cette nécessaire et évidente poésie qui permet de se détacher d’un réel pesant.
Les photos de Marie lentement ouvrent sur des instants de grâce.
Petits cailloux de tendresse pudique, de douceur maternelle.
En contrepoint, les mots de Jean-Christophe nous livrent la crainte, ces heures à ne trop savoir si nous sommes encore en vie, mourant ou déjà morts.
Peut-être très vivants ?
Seul certainement.
©Marie Bienaimé |
Avec Quiets les deux auteurs nous invitent à une autre contemplation de ce que furent (seront ?) l’épidémie, les confinements.
Loin, très loin de la complaisance médiatique, des chiffres égrainés comme des miettes de désespoir, les petits moments de poésie du réel que saisit Marie Bienaimé sont autant de notes d’espoir, de quiétude retrouvée.
Jamais perdue ?
Si, un jour, le monde se replie à nouveau, lire Quiets à ce moment-là serait très certainement un bon moyen de ne plus avoir peur.