Chaos – Françoise Lerusse
La ville a poussé, la ville s’est agrandie. Démesurément. Hors de contrôle. Sans limites. Sans frontières. Sans arrêts.
Chaos par Françoise Lerusse, autoédité, est une plongée dans la mégapole de Bangkok. Une submersion dans ce maelstrom d’acier, de béton, de briques.
©Françoise Lerusse |
2017. Françoise part en Thaïlande. Au fond d’elle cette envie de photographier ces villes asiatiques à la croissance illimitée. Parfait exemple de ce que la démographie incontrôlée, incontrôlable, la pauvreté, l’espoir d’une vie meilleure mais aussi la technologie triomphante, la modernité invincible peuvent créer de cités tentaculaires.
Le choc est brutal. Violent.
La série photographique naît alors.
Ordonner. Peut-être…
Rendre compte. Eventuellement…
Livrer un ressenti. Certainement.
©Françoise Lerusse |
Les photographies ici sont denses, complexes.
Surimpressions, reflets.
Tout est fait pour perdre le lecteur, pour transmettre la complexité, la folie du lieu.
Des Hommes, des fils électriques, du béton, un viaduc à l’architecture brutaliste.
Des couleurs vives, chatoiement amical.
Des voitures. Partout des voitures, des motos, des scooters, des cyclistes, des bus.
Tellement qu’on se prend à imaginer la ville comme la version actuelle d’un film de science-fiction.
Blade Runner en direct.
©Françoise Lerusse |
Le travail photographique de Françoise est saisissant. Parce que ses clichés proposent une vision à la fois dantesque et ordonnée de ce qui ne l’est pas. La succession des pages donne le tournis, le lecteur se retrouve très vite en apnée face à cette superposition, ressentant ce que la photographe a dû éprouver à son arrivée à Bangkok. Pourtant, la mise en page aérée, le papier très blanc permettent une respiration, un temps de repos pour aller de l’une à l’autre.
©Françoise Lerusse |
Il y a dans cet ouvrage quelque chose d’unique, bien loin du simple reportage. Françoise livre, se livre, interpelle. En lisant Chaos, vient à l’esprit la toile de Fernand Léger « La Ville. Un siècle sépare les clichés et la peinture.
Pourtant, le ressenti est le même.
Du chaos naît une étoile dansante disait Nietzsche.
Le livre de Françoise ne serait-il pas celle-ci ?