Le tendre espace – Frédérique Dimarco
Le tendre espace de Frédérique Dimarco chez Arnaud Bizalion Editeur est un instant de douceur suspendue, un moment de féerie recomposée.
Servi par un très beau texte introductif de Michael Serfaty, le petit ouvrage, à la sensibilité précieuse, propose un voyage dans les petits riens, les moments de vie de l’auteure.
©Frédérique Dimarco |
Le livre ouvre sur des lumières nocturnes, paysage tremblé, incertain. Réminiscences ou voyage dans l’Instant? Peu importe, page à page on suit les déambulations de Frédérique Dimarco. Les photographies sont de l’ordre rimbaldien de la sensation: tête nue, on sent le vent dans des fougères une fin d’après-midi d’été.
Le Voyage intérieur.
Et peu à peu les repères s’abolissent, presque comme un conte.
Il était une fois.
Un royaume.
Une féerie.
Un enchantement.
©Frédérique Dimarco |
Des silhouettes troubles, incertaines, visages amis, familiers ou simples rencontres. Que verra t’on par-delà le montagne?
Le dehors sans violence croise des intérieurs à peine distincts, le corps allongé d’une femme, Belle au Bois Dormant du XXIème siècle et des loups qui ne guettent plus de Petits Chaperons Rouges, adoucis par les tons gris de l’image.
Tout est tendresse, presqu’amour, tout au moins affection. Fragilité exquise du moment.
©Frédérique Dimarco |
Le Tendre Espace est poésie. Peu importe, au fond, le où, le quand, le comment. Tout est là sous nos yeux, il suffit de s’en saisir, de s’en délecter comme un nectar, d’Être.
La photographie se métamorphose en voyage. Frédérique Dimarco nous livre un périple introspectif, hommage au Beau, à l’Ici et Maintenant, à la quiétude.
Viennent alors en mémoire, ces quelques vers de Renée Vivien:
» Le bleu nocturne coule et s’épand…A cette heure,
La joie est plus ardente et l’angoisse est meilleure
Le souvenir est beau comme un palais détruit…
Des feux follets courront le long de nos vertèbres
Car l’âme ressuscite au fond des ténèbres,
Et l’on ne redevient soi-même qu’au fond de la nuit. »
Renée Vivien, « La nuit est à nous »
Et l’on referme le livre avec un sentiment extraordinaire: la Joie mélancolique.