Odysseus, l’Autre Monde – Michael Duperrin
Si certains livres parlent de voyage, d’autres sont le voyage.
Celui de Michael Duperrin, Odysseus, l’Autre Monde, paru chez Sun/Sun éditions, se place dans la seconde catégorie. A l’instar d’un proverbe gitan, il rappelle que le bout du chemin, la destination, n’est pas le plus important.
L’important reste le chemin.
Et les rencontres qu’il offre.
©Michael Duperrin |
Le voyage ici, c’est celui d’Ulysse. Récit d’errance dans la Méditerranée à la merci des Dieux, à la grâce des vents.
Le voyage ici, c’est celui de Michael Duperrin qui, suivant les écrits du géographe Victor Bérard1, part dans les pas du héros d’Homère.
Et de cette mise en abyme naît le voyage dans le voyage.
©Michael Duperrin |
Le vrai voyageur c’est celui qui comprend que partir à la découverte de l’Autre, c’est partir à la rencontre de Soi.
Il y a sept siècles est né un manuel à l’usage des Hommes, chantant leurs faiblesses, leurs compromissions, mais aussi leurs courages et leurs valeurs, fruits de rencontres formatrices.
Des rencontres du photographe naît un ouvrage à l’intime poignant, où, prenant le parti du cyanotype auquel il associe ses notes de voyage, les clichés et le texte offrent une mélopée moderne.
©Michael Duperrin |
La mer, le sillage d’un navire, un volcan à peine endormi, des cyprès battus de vent, une crypte, un cheval, des mots, des maux.
Tout se télescope, fait écho, se répond. Des hommes auxquels on se lie autour d’un verre, d’une cigarette. Les amis qui partent pour un dernier voyage.
Les états d’âmes. Naples et l’Italie. Une chambre d’hôtel initiale mal climatisée. Une église aux crânes vénérés.
Le bleu de l’eau. Du ciel. De l’âme et des Enfers.
Peu à peu dans le bleu des photographies, le blanc des mots façonne un espace où l’auteur se livre à un pèlerinage secret.
L’issue de la route n’a déjà plus aucune importance.
Et après tout le vagabond d’Ithaque n’a-t-il pas déjà foulé les mêmes herbes, humé les mêmes parfums ? Ne s’est il pas interrogé sur lui ou les Hommes de la même manière ?
Mise en abyme toujours…
©Michael Duperrin |
Reste cette interrogation : qui est le voyageur ?
Celui qui part sans certitudes ?
Celui qui cherche ?
Celui qui par son courage s’interroge sur ce qu’il est ?
Fondamentalement Michael Duperrin n’est pas si différent du héros Ulysse.
Il faut non seulement de la force pour réussir son voyage.
Il faut aussi la volonté de retrouver sa Terre, du moins cet espace de refuge, d’une manière ou d’une autre, sans perdre sa curiosité.
Il faut, enfin, le courage nécessaire pour offrir ce récit à qui veut bien s’en emparer.
©Michael Duperrin |
Avec cette errance, le voyage ne s’achève pas. Ce n’est qu’un début, parce que c’est ainsi que tout débute.
Vraiment qu’importe l’arrivée.
1 : Bérard est un géographe français qui a tenté de retrouver, au début XXéme siècle, les lieux évoqués dans l’Odyssée.